Une encyclique pour être tous des frères et sœurs

En attendant de connaître le contenu de ce document, plusieurs pays ont été le théâtre d’un débat sur son titre et sur la manière de le traduire dans un sens inclusif. Mais une encyclique est en soi un texte universel et François veut parler vraiment au cœur de chaque personne. Ce texte sera publié le 4 octobre prochain, a indiqué la Salle de Presse du Saint-Siège.

«Fratelli tutti» est le titre que le Pape a choisi pour sa nouvelle encyclique consacrée, comme on peut le lire dans le sous-titre, à la «fraternité» et à «l’amitié sociale». Le titre original en italien restera tel quel, sans traduction, quelle que soit la langue dans laquelle le document sera diffusé. Comme on le sait, les premiers mots de la nouvelle «lettre circulaire » (sens du mot “encyclique”) sont inspirés du grand saint d’Assise dont le Pape François a choisi le nom.

En attendant de connaître le contenu de ce message, que le Successeur de Pierre entend adresser à l’humanité entière et qu’il signera le 3 octobre prochain sur la tombe du saint, nous avons assisté ces derniers jours à des discussions à la tonalité inquiète sur les seules données disponibles, à savoir le titre et sa signification. Comme il s’agit d’une citation de saint François (que l’on trouve dans les Admonitions, 6, 1 : FF 155), le Pape ne l’a évidemment pas modifiée. Mais il serait absurde de penser que le titre, dans sa formulation, contient une quelconque intention d’exclure de ses destinataires plus de la moitié des êtres humains, à savoir les femmes.

Au contraire, François a choisi les paroles du saint d’Assise pour inaugurer une réflexion à laquelle il tient beaucoup, sur la fraternité et l’amitié sociale et qu’il entend donc adresser à toutes les sœurs et tous les frères, à tous les hommes et femmes de bonne volonté qui peuplent la terre. À tous, de manière inclusive et jamais exclusive. Nous vivons à une époque marquée par la guerre, la pauvreté, les migrations, le changement climatique, la crise économique, les pandémies: se reconnaître frères et sœurs, reconnaître dans celui que l’on rencontre, un frère et une sœur; et pour les chrétiens, reconnaître dans celui qui souffre le visage de Jésus, est une façon de réaffirmer la dignité irréductible de tout être humain créé à l’image de Dieu. Et c’est aussi une façon de nous rappeler que nous ne pourrons jamais sortir seuls des épreuves actuelles, l’un contre l’autre, le Nord contre le Sud, les riches contre les pauvres, ou en étant séparés par quelque autre différence excluante.

Le 27 mars dernier, au plus fort de la pandémie, l’évêque de Rome a prié pour le salut de tous sur une place Saint-Pierre vide, sous une pluie battante, accompagné seulement du regard triste du Crucifix de Saint Marcel et du regard amoureux de la Vierge Marie, Salut du Peuple romain. «À la faveur de la tempête, le maquillage des stéréotypes avec lequel nous cachions nos « ego » toujours préoccupés de leur image est tombé; et reste manifeste, encore une fois, cette appartenance commune (bénie), à laquelle nous ne pouvons pas nous soustraire : le fait d’être frères», avait alors déclaré François. Le thème central de la lettre papale est cette «appartenance commune bénie» qui fait de nous des frères et des sœurs.

La fraternité et l’amitié sociale, thèmes indiqués dans le sous-titre de l’encyclique, indiquent ce qui unit les hommes et les femmes, une affection qui s’établit entre des personnes qui ne sont pas parents par le sang et qui s’exprime par des actes de bienveillance, avec des formes d’aide et des actions généreuses en cas de besoin. Une affection désintéressée envers les autres êtres humains, indépendamment de toute différence et de toute appartenance. C’est pourquoi il n’y a pas de malentendus possibles ou de lectures partielles du message universel et inclusif des mots «Fratelli tutti».

Andrea Tornielli