Saül le prit très mal et fut très irrité

« Saül le prit très mal et fut très irrité. Il disait : ‘À David on donne les dizaines de milliers, et à moi seulement les milliers ; il ne lui manque plus que la royauté !’ »
1er livre de Samuel 18,6-9 ; 19,1-7.

La victoire de David sur Goliath n’a pas fait que des heureux. Certes, les gens de son peuple se sont sentis formidablement soulagés. Mais leur reconnaissance envers David a creusé entre ce dernier et le roi un fossé étrange, celui de l’envie ! «L’envie est blessure pour l’esprit qui se ronge, torturé par le bonheur d’autrui», dit le pape Grégoire le Grand. « L’envie et la colère abrègent les jours » (Siracide 30,26).
L’envie est un terrible défaut. On dirait qu’il paralyse celui qui en est la victime, car, loin de se servir de ses qualités et de les mettre au service des autres, il passe son temps, d’une manière stérile, à se vouloir autre, et à en vouloir à l’autre pour des qualités qu’il n’a pas au même degré.
On doit cependant dire que Saül n’est pas le seul fautif, dans l’histoire. Ces gens qui chantent les louanges de David auraient mieux fait de ne pas comparer David à Saül ! Ils ont, par leur chant, alimenté ce qui ferait déraper Saül, au point d’en faire un meurtrier, au moins par l’intention.
Seigneur Jésus, tandis que la Bible déroule pour nous l’histoire de nos ancêtres dans la foi, fortifie en nous un esprit de respect, une langue maîtrisée qui se taise sur les défauts des autres, et un grand cœur qui célèbre tes talents chez nos frères et sœurs et nous aide à leur offrir les qualités que nous avons reçues de toi.

† Emmanuel Lafont
Evêque de la Guyane