C’est toujours le danger : avoir une religion emplie de gestes cultuels

« Ils voudraient que Dieu soit proche. Oui, mais le jour où vous jeûnez… vous traitez durement ceux qui peinent pour vous »
Isaïe 58,1-9.

La prédication des prophètes était essentielle en un temps où les rites religieux ne correspondaient pas au comportement des personnes croyantes. C’est toujours le danger : avoir une religion emplie de gestes cultuels : célébrations, prières, pèlerinages… mais sans que le comportement personnel des membres soit inspiré par l’Évangile. Alors le résultat c’est que des divisions s’installent même dans la communauté, dans l’Église, et les croyants manquent des qualités du disciple du Christ : en particulier, la miséricorde et le souci de ne pas faire porter sur les autres des fardeaux qu’ils évitent eux-mêmes de porter !

Un croyant doit être exemplaire, sinon, il contribue à ridiculiser la foi en Dieu, il devient un contre témoignage, et il abîme la réputation du message qu’il porte et de la communauté dont il est membre. Le pape François affirme que certes nous sommes pécheurs, mais nous devons combattre le péché et refuser totalement toute corruption ! « Pécheurs oui, corrompus, non ! »

Ce qui est extraordinaire, c’est que les saints n’ont jamais le sentiment que Dieu ne répond pas à leur prière ! Aucun d’eux ne dirait : « quand nous faisons pénitence, pourquoi ne le sais-tu pas ? ». Ils savent trois choses : un, que la prière est là pour demander à Dieu sa volonté, deux, que s’il n’exauce pas une demande c’est qu’elle n’est pas nécessaire et trois, que dans tout ce qui leur arrive Dieu les accompagne et que tout profite à leur sanctification.

Ecoutons la voix des prophètes, pendant ce carême. Dieu ne nous demande pas seulement de nous excuser pour les fautes du passé, il nous invite à mettre notre vie en cohérence avec nos prières et notre foi. C’est ce que nous appelons la « conversion », c’est-à-dire nous détourner de nos pratiques mauvaises, de nos excès de consommation, de notre orgueil, de notre manque de miséricorde, des jugements que nous portons sur les autres et que sais-je encore…

Seigneur Jésus, donne-moi la sagesse de toujours demander ce qu’il te plait de me donner car ainsi, je ne serai jamais déçu. Je te demande aussi le courage de la cohérence entre ce que je prêche, ce que je vis dans la prière, et mon attitude dans la journée.

† Emmanuel Lafont
Evêque de la Guyane