Jérémie, persécuté comme Jésus

«  Moi, Jérémie, j’ai entendu les menaces

de la foule : ‘Dénoncez-le, l’homme qui

voit partout la terreur !’ Mes amis

eux-mêmes guettent mes faux pas »

Jérémie 20,10-13.

Ce que Jérémie a entendu, Jésus l’a entendu également. Il a pressenti la décision de l’éliminer ; il a vu ses amis l’abandonner, par dépit ou par incompréhension devant son comportement étrange ; il s’est trouvé totalement isolé devant les menaces, au point de crier vers Dieu son désarroi. Jérémie est un précurseur du Christ, dont il annonce et personnifie le drame autant que la solitude et la prière.

Car de même qu’il s’est trouvé en butte à des chefs, de même Jésus : « Les Juifs allèrent chercher des pierres pour le liquider » (Jean 10,31). Quant à ses disciples, c’est peu dire que de noter leur aveuglement devant ce qui se tramait.

Dans une situation comme dans l’autre, la décision de tuer est totalement injustifiée. Rien ne peut être retenu contre les deux hommes, sinon le fait que leur message est un appel à une conversion totale mais rejetée, refusée par les auditeurs et par les chefs. « Quand tu veux te débarrasser de ton chien, tu dis qu’il a la rage. »

Le courage de Jérémie annonce celui de Jésus. Il est un appel qui nous est adressé. Tenir la vérité quoi qu’il en coûte. Accomplir notre devoir sans regarder à droite ni à gauche. Ce ne sont pas les autres qui doivent décider de notre comportement, mais le désir d’accomplir ce que Dieu nous demande.

La veulerie des chefs contre Jérémie et contre Jésus est un avertissement. Devant la parole de Dieu, ne nous cachons pas, mais accueillons l’appel à renoncer au mal et à faire le bien. Refuser leur message est meurtrier.

Seigneur Jésus, tu as donné à Jérémie et à tant d’autres le courage de tenir bon, de garder courage et de ne pas fléchir devant le mal et devant ceux qui le promeuvent. En ce temps de passion, nous te demandons humblement : Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre nous du Mal. Amen

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane