Tout ce qui n’est pas donné est perdu

« Aucun d’entre eux n’était dans la

 misère, car tous ceux qui possédaient des

 champs ou des maisons les vendaient, et

ils en apportaient le prix aux Apôtres »

Actes 4,32-37.

 

Pour la deuxième fois, le livre des Actes insiste sur la dimension économique de la vie chrétienne : « aucun d’entre eux n’était dans la misère ». Nous ne savons pas si ce tableau représente la stricte réalité de la première communauté chrétienne. Ce que nous savons, par contre, c’est que l’idéal de la vie du disciple est bien là : dans le souci de l’autre, du frère, de la sœur, qui exige le partage, selon une antique injonction de Dieu, puisqu’on la trouve déjà dans le livre du Deutéronome : « Ainsi il n’y aura pas de pauvre chez toi » (cf. Deut 15,4).

 

J’entends cet appel à tous les niveaux. Car il existe bien une pauvreté matérielle qui fait que je me dois de partager ce que j’ai, considérant que ce qui m’appartient n’est pas à moi de manière exclusive : « Personne ne se disait propriétaire de ce qui lui appartenait » (Actes 4,32). Ainsi, m’occuper du pain de mon frère est, au sens propre, une préoccupation spirituelle. Elle découle de la fraternité que le Christ tisse entre ses disciples. Par le baptême, rappelle Augustin, je deviens « Christ », c’est-à-dire membre du Corps du Christ qui est l’Eglise.

 

Mais il existe aussi une pauvreté spirituelle, affective, cette solitude qui tue à petit feu les anciens dans les maisons de repos, les prisonniers dans leurs cellules et les malades sur leur lit d’hôpital… le même Christ qui a dit : « j’avais faim et vous m’avez donné à manger » a aussi déclaré « J’étais malade ou en prison et vous êtes venus me visiter » (cf. Matthieu 25,31-46). La charité rejoint la personne humaine dans toutes ses dimensions, physique, affective et spirituelle.

 

Seigneur Jésus, je te bénis pour l’exemple de tes saints dont l’expression d’amour envers toi c’est manifesté dans une bonté sans borne pour les êtres blessés : du bon pape St Jean XXIII au saint pape Jean-Paul II, aucun ne s’est détourné de tes plaies, portées par tant de tes frères et de tes sœurs. Donne-moi de te servir en pansant toutes ses plaies grâce à tout ce dont tu m’as fait cadeau.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane