Nazareth, une leçon de famille et de travail

« remplissez la terre et soumettez-la.

Soyez les maitres des poissons de la

mer, des oiseaux du ciel… »

Genèse 1,26 – 2,3.

 

Le 1er mai est devenu pour le monde entier la fête des travailleurs depuis que, en 1886, à Chicago, les ouvriers travaillaient jusqu’à 14 à 16 heures par jour. 180 000 travailleurs arrêtèrent leur travail en signe de protestation et pour demander 8 heures de travail par jour. On leur répondit par les armes. Six travailleurs furent tués et 50 blessés. Pie XII voulut donner une dimension chrétienne à cette journée en la plaçant sous le patronage de St Joseph travailleur en 1955. Non seulement Joseph a été un travailleur, le charpentier de Nazareth, mais il est le modèle du travailleur chrétien.

 

Le récit de la création de l’homme et de la femme, en Genèse 1, met en valeur le choix de Dieu : il a créé le monde et toutes ses merveilles à la seule fin de partager son amour aux hommes et aux femmes de tous les temps ; selon le psaume 8 :

 

« Qu’est-ce que le fils d’homme ? Et tu veilles sur lui.

6       Tu en as fait un peu moins qu’un Dieu,

tu l’as couronné de gloire et d’éclat,

7       tu lui as soumis l’œuvre de tes mains,

tu as tout rangé sous ses pieds,

8              que ce soient les brebis o

 

L’Ecriture s’explique par l’Ecriture. Il faut attendre le chapitre 2 pour comprendre de quelle manière l’être humain peut soumettre la terre. Car en réalité, il n’en est pas le maître. Il est le tenancier de Dieu. Il ne peut la « soumettre » que dans la mesure où il respecte la loi divine.

 

Le pape François rappelle cela dans son encyclique Laudato Si’ sur La sauvegarde de la maison commune : « Alors que “cultiver” signifie labourer, défricher ou travailler, “garder” signifie protéger, sauvegarder, préserver, soigner, surveiller. Cela implique une relation de réciprocité responsable entre l’être humain et la nature. Chaque communauté peut prélever de la bonté de la terre ce qui lui est nécessaire pour survivre, mais elle a aussi le devoir de la sauvegarder et de garantir la continuité de sa fertilité pour les générations futures ; car, en définitive, « au Seigneur la terre » (Ps 24, 1), à lui appartiennent « la terre et tout ce qui s’y trouve » (Dt 10, 14). Pour cette raison, Dieu dénie toute prétention de propriété absolue : « La terre ne sera pas vendue avec perte de tout droit, car la terre m’appartient, et vous n’êtes pour moi que des étrangers et des hôtes » (Lv 25, 23).[1]

 

St Joseph fut à cet égard un modèle de justice et de respect des lois divines. Il était un homme juste, un artisan de bois, et c’est à lui que Dieu confia l’éducation humaine et spirituelle de son Fils unique Jésus. Charpentier, il a donné à son fils le respect essentiel du bois, être vivant qui sert les hommes mais que les hommes doivent aussi protéger s’ils veulent survivre. Nous en savons quelque chose, nous qui bénéficions de la magnifique forêt amazonienne.

 

Seigneur Jésus, tu nous donnes en ce jour de respecter le travail, et particulièrement le travail manuel auquel toi-même et ton père terrestre Joseph vous êtes donné et en avez manifesté l’immense dignité du travail et de tous les travailleurs. Bénis sois-tu. Donne à ton Eglise et à chacun de nous le sens de la justice et du respect don ton père Joseph est un exemple indépassable.

 

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane

 

[1] Pape François : encyclique Laudato Si’, 67.