Dieu n’aime pas que les pauvres soient exploités

« Des travailleurs ont moissonné vos terres, et vous ne les avez pas payés ; leur salaire crie vengeance, et les revendications des moissonneurs sont arrivées aux oreilles du Seigneur de l’univers. Vous avez recherché sur terre le plaisir et le luxe, et vous avez fait bombance pendant qu’on massacrait des gens. »

Lettre de Jacques 5,1-6.

En septembre 1970, un mois après mon ordination, je me trouvais dans une paroisse de Tours, et ce texte de saint Jacques faisait partie des lectures d’un des dimanches. Avant la messe, j’avais demandé à un homme de faire cette lecture, et il refusa ! Il pensait que les gens le prendraient mal et l’accuserait de leur jeter des jugements à l’emporte-pièce !  De fait, Jacques ne mâche pas ses mots, face à une couche de la société qu’il jugeait particulièrement durement pour son amour de l’argent, son avarice, son injustice envers les autres et son inconscience.

Le pape François, après les papes Jean, Paul, Jean-Paul et Benoît, a eu, lui aussi, des paroles très dures contre l’idolâtrie de l’argent et les injustices de ce monde où nous sommes. Qu’il suffise de savoir que dans nos pays, l’écart des salaires est passé d’environ 1 à 40 il y a un demi-siècle à 1 à 400 aujourd’hui.

« Nous avons créé de nouvelles idoles. L’adoration de l’antique veau d’or (cf. Ex 32, 1-35) a trouvé une nouvelle et impitoyable version dans le fétichisme de l’argent et dans la dictature de l’économie sans visage et sans un but véritablement humain. La crise  mondiale qui investit la finance et l’économie manifeste ses propres déséquilibres et, par-dessus tout, l’absence grave d’une orientation anthropologique qui réduit l’être humain à un seul de ses besoins : la consommation.

 

J’exhorte les experts financiers et les gouvernants des différents pays à considérer les paroles d’un sage de l’antiquité : « Ne pas faire participer les pauvres à ses propres biens, c’est les voler et leur enlever la vie. Ce ne sont pas nos biens que nous détenons, mais les leurs » 1.

 

Le Pape aime tout le monde, riches et pauvres, mais il a le devoir, au nom du Christ, de rappeler que les riches doivent aider les pauvres, les respecter et les promouvoir. « Je vous exhorte à la solidarité désintéressée et à un retour de l’économie et de la finance à une éthique en faveur de l’être humain. » 2.

 

Seigneur Jésus, aide-moi à faire la vérité sur le rapport que j’entretiens avec mes biens, la recherche de la richesse et mes relations avec les pauvres et l’injustice.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane

  1. Saint Jean Chrysostome, De Lazaro Concio, II, 6 : PG 48, 992 D.
  2. Pape François, exhortation apostolique La Joie de l’Evangile, 55-58.