Tenir dans la patience et la confiance en Dieu

«Frères, ne gémissez pas les uns contre les autres, ainsi vous ne serez pas jugés. Voyez : le Juge est à notre porte. Frères, prenez pour modèles d’endurance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur.
Voyez : nous proclamons heureux ceux qui tiennent bon. Vous avez entendu dire comment Job a tenu bon, et vous avez vu ce qu’à la fin le Seigneur a fait pour lui,
 »

Jacques 5,9-12.

Jacques continue de donner à ses fidèles des conseils particulièrement pratiques pour leur vie chrétienne quotidienne. Il manifeste ainsi que la vie chrétienne ne se définit pas par la connaissance pure – il ne suffit pas de connaitre, car les même les démons savent qui est Jésus. Et il ne suffit pas de prier, car notre prière peut être mauvaise. Il faut VIVRE selon un comportement concret, dont il donne aujourd’hui deux exemples.

Le premier est l’interdiction de juger, ou encore de gémir les uns contre les autres. Il n’existe qu’un seul Juge, celui qui sait tout, qui connait le fond des cœurs, et dont le cœur et le regard sont totalement bons. Pour nous, qui ne savons pas tout de l’autre, et dont le regard n’est pas totalement pur, il nous est rappelé que le jugement ne nous appartient pas. Certes, nous pouvons connaître le bien et le mal, et voir que ce que nous faisons, nous et les autres, est parfois mauvais ou méchant. Mais juger, c’est attribuer à l’autre la responsabilité ultime, et cela ne nous appartient pas. Faisons attention. Les jugements, dans notre Eglise, sont mortels. Ils tuent la fraternité.

Le second est l’invitation à l’endurance et à la patience. Un modèle nous est proposé en la personne de Job. Rappelons-nous sa réponse à sa femme qui lui conseillait de maudire Dieu : « Si nous acceptons le bonheur que Dieu nous donne, pourquoi n’accepterions-nous pas aussi le malheur ? » (Job 2,10). Je remercie le Ciel pour l’exemple de ma nièce Florence, retournée à Dieu il y a quelques années à l’âge de 50 ans, et dont son mari pouvait témoigner, à la messe des funérailles, que « Tu as voulu passer le 31 décembre dernier dans la maison de Lourmarin que nous venions d’achever et revoir, en compagnie de très chers amis, cette Provence dont tu avais besoin. En arrivant  là-bas épuisée par le voyage tu t’es affalée dans un canapé et as éclaté en sanglots, ce qui ne t’était jamais arrivé. Et tu m’as dit : « quelle chance j’ai d’avoir la maison de mes rêves. Mais surtout j’ai l’immense chance que ce soit moi qui soit malade et non pas toi ou nos enfants : je ne l’aurai pas supporté. »

Seigneur Jésus, par ta grâce, épargne-moi la tentation de juger mon prochain, et donne-moi d’accepter joyeusement ce qu’il te plaira de recevoir de ta part, t’offrant tout à l’avance, pour mon salut et le salut du monde.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane