Le démon a trouvé son maître

« Parce que tu as fait cela, tu seras maudit parmi tous les animaux et toutes les bêtes des champs. Tu ramperas sur le ventre et tu mangeras de la poussière du sol tous les jours de ta vie. Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance »

Genèse 3,9-15.

Comme chaque dimanche, l’Evangile commande le choix de première lecture, tirée de l’ancien Testament, sauf pendant le temps pascal. L’Evangile d’aujourd’hui nous présente l’attaque la plus forte exercée contre Jésus par les scribes : « C’est par le chef des démons qu’il expulse les démons ! » (Marc 3,22). Selon Jésus, ce qu’ils font là est un péché contre l’Esprit. Ils attribuent au mal ce qui vient de l’Esprit Saint ! Car expulser un démon est bien l’œuvre bonne, salutaire, de l’Esprit de Dieu. Dire que cela vient du démon est un blasphème total.

Le récit de la Genèse choisi donc aujourd’hui nous rappelle la faute de nos premiers parents. Ils ont désobéi, ne respectant pas la Loi de Dieu. Mais ils ne l’ont pas fait seuls. Ils se sont laissé séduire par la force mystérieuse du mal, représenté ici par le serpent. Le livre de la Genèse en effet nous montre que nous sommes responsables en partie du mal et du malheur, car nos désobéissances détruisent l’ordre et la paix du monde ; elles détruisent l’harmonie à l’intérieur de nous-mêmes (nous nous sentons « nus »), entre nous (nous nous accusons mutuellement), avec la nature (qui devient hostile) et avec Dieu (nous nous cachons de Lui).

Le mal est mystérieux. Mais il ne vient pas que de nous. Jésus a enchainé Satan, pour pénétrer dans sa maison, expulser les démons qui emprisonnent les gens, et avec lui nous sommes protégés. Comme l’écrit saint Césaire d’Arles, depuis la venue du Christ, le diable « est attaché comme un chien dans sa niche, et il ne peut mordre personne sauf si, risquant la sécurité de a vie, on l’approche de trop près. Vous voyez déjà, frères, comme est bête l’homme qui se fait mordre par un chien enchaîné ?

Seigneur Jésus, tu es le grand vainqueur du mal et du Malin. Ne permets pas que je me laisse entrainé par les voluptés et convoitises du monde. Qu’il aboie comme un chien, qu’il provoque… avec toi, je suis en sécurité, il ne peut me mordre si je ne le veux pas, avec ta grâce !

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane