Dans le silence, Dieu nous parle

«  Lorsque le prophète Élie fut arrivé à l’Horeb, la montagne de Dieu, il entra dans une caverne et y passa la nuit.
La parole du Seigneur lui fut adressée : ‘Sors dans la montagne et tiens-toi devant le Seigneur, car il va passer.’
»

1er livre des Rois 19,9.11-16.

 

Dans l’épisode de la vie d’Elie qui se présente à nos yeux aujourd’hui, il faut se souvenir que le prophète est en fuite. Paniqué par l’opposition du roi et de la reine d’Israël, et par les menaces de mort qui pèsent sur lui, il s’est enfui dans la montagne du désert du Sinaï, jusqu’à parvenir là où Moïse avait rencontré Dieu, et où il avait reçu les tables de la loi.

 

Il est en fuite, Elie, mais Dieu ne le lâche pas ! Alors que l’homme ne pense qu’à mourir, le Seigneur prend l’initiative de venir à sa rencontre et de lui dire : « tiens-toi devant le Seigneur, car il va passer ! ». Dieu est toujours à notre recherche. Il a un tel besoin de répandre son amour « Bonum diffusivum sui » dit l’adage latin : « le bien se répand lui-même ! » Je reste dans l’admiration profonde de ce Dieu qui ne se reposera pas tant qu’il n’aura fait pénétrer chacun de nous dans son cœur, et finalement dans son paradis.

 

La manière de Dieu d’entrer en dialogue avec Elie est une autre leçon : il n’entre guère avec fracas, en bousculant tout : il n’est ni dans l’ouragan, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu. Il était dans le silence d’une bise légère. Le silence ! Nous en manquons tellement qu’il est difficile de nous recueillir, d’entrer en nous-mêmes, de vivre au rythme de notre cœur, là où Dieu se trouve. On pourrait même dire qu’il s’y cache. Le bruit nous garde hors de nous même. Le silence est LA condition d’une vie intérieure. Il n’est pas question de la garder, c’est lui qui nous garde !

 

Bien avant que je n’existe, déjà il pense à moi ; avant que je ne le connaisse, il me cherche ; malgré toutes mes infidélités, il demeure là, comme le père de l’enfant prodigue, scrutant l’horizon pour me voir arriver… Comment ne pas me rendre, corps et âme à un amour si profond, si vivifiant, si vital ?

 

Allez, laisse-toi regarder par Dieu, considère le regard qu’il pose sur toi, et laisse toi faire !

 

Seigneur, tu me sondes et me connais,

 2     que je m’assoie, que je me lève, tu le sais :

        bien avant que je n’y pense, tu le savais.

 3     Que je sois en voyage ou couché, tu m’observes,

        tu me suivras en tous mes chemins.

 

Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon cœur,

        éprouve-moi et connais mon désir ;

 24   vois si je me trace un chemin de mensonge

        et conduis-moi par le chemin des origines.

 

(Psaume 139,2-3.23-24)

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane