Un Royaume sans justice n’a pas d’avenir

« Ainsi parle le Seigneur : La sentence est irrévocable, à cause des crimes et des crimes d’Israël. Ils vendent le juste pour de l’argent, le pauvre pour une paire de sandales. Ils écrasent la tête des petites gens dans la poussière, ils ferment la route aux malheureux. Le fils et le père vont vers la même femme et profanent ainsi mon saint Nom. »

Amos 2,6…16.

 

Cette semaine, la liturgie de l’Eglise nous fait lire et méditer un des premiers grands prophètes dont les oracles ont fait l’objet d’un livre à son nom. Il fut prophète peu de temps dans le royaume du Nord (Israël, dont la capitale était Samarie), plus d’un siècle après Elie et Elisée. Ces deux prophètes n’ont pas de livre à leur nom, tandis qu’Amos est le premiers des « prophètes – écrivains. Il annonçait la parole de Dieu dans les années 750 – 740 avant Jésus-Christ.

 

Le Royaume d’Israël est riche, mais les pauvres sont maltraités. Amos le décrit avec des images très crues. L’injustice règne. Et ceux qui commettent l’injustice mènent aussi une vie de désordre moral. Les deux vont ensemble, malheureusement. Quand on se moque de la justice de Dieu, on se moque aussi de son éthique.

 

Pour Amos, la situation de son pays est tellement décadente, qu’il ne voit pas comment Dieu pourrait intervenir pour sauver des gens qui n’ont aucun désir de faire le bien. Il annonce donc la catastrophe. Pour lui, le déclin viendra par l’Assyrie, un empire en pleine expansion. Il ne croit pas le peuple d’Israël capable de tenir tête à l’Assyrie, tellement il manque  d’unité et de solidarité.

 

Le message d’Amos est cruellement actuel. Tandis que nous devons, comme chrétiens, être miséricordieux envers les personnes, et le pape nous le rappelle tout le temps, nous devons en même temps être impitoyables face aux situations d’injustice, à la manière de François, une fois encore, qui vient de déclarer la mafia excommuniée, par exemple ! Il est dans la droite ligne de prophètes comme Amos et Jérémie. Puissions nous le rejoindre dans sa façon de rappeler le droit autant que la miséricorde.

 

Seigneur Jésus, Tu aimes les pécheurs et tu veux qu’ils se convertissent, c’est-à-dire qu’ils se détournent de leurs voies mauvaises et qu’ils écoutent ta parole. Fais que ton Eglise soit aux avant postes de la vie selon la justice, la solidarité, et la vérité dans la charité. Et aide-nous à écouter les Amos qui parlent aujoud’hui en ton nom.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane