Aimer, c’est faire reculer l’injustice

« Malheureux ceux qui, du fond de leur lit, méditent le crime, élaborent le

mal ! Au point du jour, dès qu’ils en ont les moyens, ils l’exécutent.
S’ils convoitent des champs, ils s’en emparent ; des maisons, ils les prennent ; ils saisissent le maître avec sa maison, l’homme avec son héritage.
  »

Michée 2,1-5.

 

Le prophète Michée a vécu à Jérusalem, à la même époque qu’Isaïe, sous le règne du roi Ezéchias (716 – 687 avant Jésus-Christ). Il a inlassablement dénoncé l’injustice commise par les personnages importants du royaume, tant politiques que religieux. Aujourd’hui, la parole de Dieu nous fait méditer sur le sort de ces gens-là qui ne méditent que le mal. Ils sont bien malheureux, car ils accumulent sur eux le malheur, même si, aujourd’hui, ils paraissent dans le bonheur.

 

Ils existent, malheureusement, sur notre terre ! Non pas qu’ils soient plus nombreux que les autres, non pas qu’ils soient les seuls coupables des malheurs du monde. Non pas qu’ils ne trouvent pas des complicités même parmi les gens qui généralement font le bien. Mais ils existent, et parfois on se demande pourquoi Dieu permet qu’il en soit ainsi : qu’il y ait des crimes, des mensonges, des injustices flagrantes et beaucoup d’innocents victimes de leurs projets et de leurs agissements.

 

La parabole de l’Ivraie donne une indication de la raison pour laquelle Dieu semble exagérément patient. Cependant, deux questions me semblent importantes, pour notre méditation.

 

La première consiste à nous demander ce qui se passerait pour moi si Dieu agissait en stricte justice contre moi ?  Est-ce que je ne serai pas l’objet, moi aussi de sa colère ? Est-ce que je ne suis pas heureux, et reconnaissant, de bénéficier de sa miséricorde ? Puis-je alors demander pour les autres ce que je craindrai pour moi ?

 

La seconde question est de savoir reconnaitre, en méditant bien sur moi-même, ma sourde complicité dans les difficultés et les injustices de ce monde. Le silence, l’indulgence, parfois même le bénéfice que je peux tier de certaines situations troubles ou de certaines actions injustes… ne serait-il pas judicieux, et juste, de commencer par éliminer, dans ma vie, toute complicité avec le mal ? Retirant ainsi la poutre que j’ai dans l’œil, ne serais-je pas en mesure d’aider l’autre à retirer la paille qui est dans le sien (cf. Matthieu 7,4-5) ?

 

Seigneur Jésus, je te remercie pour ces prophètes qui inlassablement, en ton nom, dévoilent les injustices et les crimes particulièrement chez les grands et les puissants. Ils le font au péril de leur vie bien souvent. Je te le demande, qu’en les écoutant je puisse prendre toute injustice en horreur, même les petites, et orienter ma vie vers ce qui est juste et bon pour moi et pour les autres. Ne me permets pas de me faire complice du mal et du malheur.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane