Oracle sur le Temple

«  Si vous suivez vraiment la bonne route, si vous vous conduisez bien, si vous pratiquez la justice entre vous, si vous n’opprimez pas l’immigré, l’orphelin ni la veuve, si, en ce lieu, vous ne condamnez pas à mort l’innocent, et si vous ne suivez pas des dieux étrangers, en provoquant votre perte, alors je vous laisserai demeurer dans ce lieu »

Jérémie 7,1-11.

 

La diatribe de Jérémie contre le Temple fut si étonnante et importante qu’elle est racontée deux fois dans son livre : ici au chapitre 7 et de nouveau au chapitre 26. Il s’agit sans doute d’un seul et même événement, qui constitue un tournant décisif dans la mission de Jérémie. Les termes qu’il emploie montrent que Dieu est excédé par le comportement de son peuple. Il ne parle pas des péchés des païens ou des incroyants, il parle de l’infidélité de son peuple ! Nos ancêtres dans la foi.

 

Bien avant lui, Isaïe avait dénoncé des prières publiques purement formelles, dites du bout des lèvres, mais qui ne correspondait pas au cœur profond des gens. Mais Jérémie est le premier à oser dire qu’une société bâtie sur l’idolâtrie et le rejet de Dieu peut être détruite. Il annonce la ruine du Temple ! Or, le Temple, c’était tout, pour le peuple de Jérusalem. C’est le signe et la signature de la présence de Dieu. C’était « le lieu que Dieu a choisi pour y faire demeurer son nom » (cf. Deutéronome 12,11). Comment pouvait-il le détruire ? Parce que les gens en avaient fait – déjà ! – « une caverne de voleurs » (cf. Jérémie 7,11, cf. Marc 11,17).

 

Une société qui n’est pas bâtie dans le respect de la loi de Dieu, est construite sur du sable. Des sociétés et des civilisations bien plus grandes que les nôtres ont vécu un moment. Je le dis, même si ce n’est pas facile à dire aujourd’hui, et même si je reconnais que nous-mêmes, les catholiques, nous avons une part de responsabilité dans l’affaissement de la foi et de l’Eglise autour de nous. C’est tout le thème de mon livre Jérémie, reviens ! Ils sont devenus fous. Il importe d’être vrai. « La créature, sans le créateur, s’évanouit » (Vatican II).

 

Seigneur Jésus, tu as les paroles de la vie éternelle. Ton Eglise a la promesse que les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. Cependant, nos sociétés humaines ne peuvent survivre dans l’injustice et la violence, le mensonge et l’idolâtrie, de l’argent par exemple ; fais surgir, du milieu de nous, les Jérémie dont nous avons besoin.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane