« Ah ! Il aurait mieux valu mourir de la main du Seigneur, au pays d’Egypte, quand nous étions assis près des marmites de viandes, quand nous mangions du pain à satiété ! Vous nous avez fait sortir dans ce désert pour faire mourir de faim tout ce peuple assemblé ! »

Exode 16,2-4.12-15.

 

Les épreuves vécues dans le désert semblent insupportables aux Hébreux sortis d’Egypte. Elles sont nombreuses, il faut le reconnaitre : pas de lieu de repos, difficulté de trouver de l’eau et de se nourrir, obligation de marcher sans cesse sans connaître le but de la marche… le temps dans le désert ressemble, en fait, à la vie tout court, car notre vie est un véritable pèlerinage, l’avenir ne nous appartient pas et le présent convoie toujours son lot de défis et d’épreuves.

 

Quand les choses vont mal, la tentation d’idéaliser le passé est permanente. Elle ne correspond pas nécessairement à la réalité, mais elle est bien présente. Je ne crois pas vraiment que les esclaves hébreux aient été « assis près de marmites de viande avec du pain à satiété ! ils étaient esclaves, tout de même ! Mais les souffrances du présent effacent de la mémoire tant de choses ! La douleur brouille le regard. l’Ecriture nous avertit, pourtant, avec raison : « Ne dis pas, ‘pourquoi les temps anciens étaient-ils meilleurs’. Ce n’est pas une pensée inspirée par la sagesse » (Qohèleth 7,10).

 

La vérité est qu’il est toujours difficile d’affronter les défis et les échecs. Mais c’est de cela que la vie est faite. Cela suppose discipline, reconnaissance de la vérité, acceptation de retarder le plaisir (faire d’abord notre devoir) et amour. L’éducation est faite pour acquérir ces qualités-là. Les épreuves nous rappellent ces exigences. Dieu se sert d’elles pour nous sortir de nos léthargies et nos tentations de chercher ailleurs un bouc émissaire au lieu de regarder en face nos responsabilités.

 

Seigneur Jésus, nous sommes des pèlerins sur cette terre, et tu l’as été avec nous, tu l’es toujours en réalité, de sorte qu’en te regardant et en écoutant ta parole, nous ne sommes jamais seuls. Apprends moi à vivre l’instant présent de manière responsable, mettant ta Parole en pratique et gardant confiance en toi, qui est pour moi et pour tous le chemin, la vérité et la vie.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane