Elie reçoit le pain de l’ange

« Elie vint s’assoir à l’ombre du buisson, et demanda la mort en disant : ‘Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères’. Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit : ‘Lève-toi et mange !’ »

 

1 Rois 19, 4-8

 

Nous lisons aujourd’hui ce petit épisode de la vie d’Elie en raison de ce pain que l’ange lui donna à manger, alors qu’il s’était enfui dans le désert. Jésus y fait allusion, dans son discours sur le pain de vie, en Jean 6, 49, évangile de ce jour.

 

Mais je m’attache plutôt aux sentiments qui animent le prophète. Il est au fond du puits. Il a tenu tête aux prêtres de Baal, et c’était bien de manifester devant tous que le Seigneur seul est Dieu et que tout le reste, les baals, les Astartées et autres dieux cananéens ou autres, ne sont que du vent et des idoles. On a senti là le zèle du prophète.

 

Mais il est allé trop loin, faisant ce que Dieu, certainement, ne lui a pas demandé : il a massacré ses 400 concurrents. La colère de la reine l’a alors contraint à la fuite et là, totalement déprimé, il demande la mort : « je ne vaux pas mieux que mes pères ».

 

Les prophètes sont forts de la force de Dieu et faibles de la faiblesse humaine. Ce sont nos frères. Dieu les a choisis et les a fait marcher par la puissance qui émane de lui. Il les prend comme ils sont, non pas en dépit de leur fragilité, mais avec elle, afin que l’on sache bien que « cet excès de puissance vient Dieu et ne vient pas de nous » (2 Co 4, 7).

 

Béni sois-tu, Seigneur, pour l’amour dont tu nous entoures et la force qu’il nous procure. Tu connais nos faiblesses et tu viens pour nous permettre de les dépasser totalement, par la puissance de ta gloire. Et tu trouves ta joie dans l’abondance dont tu nous gratifies. Ne permets jamais que la pauvreté de ma condition ne me submerge et m’éloigne de toi.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne