C’est la miséricorde que je veux

« Ayez beaucoup d’humilité et de patience,

supportez-vous les uns les autres avec

amour ; ayez à cœur de garder l’unité

dans l’Esprit par le lien de la paix. »

 

Ephésiens 4, 1-7.11-13

 

En cette fête de Saint Matthieu, Paul nous parle de l’Eglise. C’est le bon jour, tellement l’évangile de Matthieu est l’Evangile de l’Eglise par excellence. Il est le seul à employer le mot « Eglise », mot qui veut dire « Assemblée ». Là se trouve l’un des paradoxes majeurs de la vie chrétienne : elle ne peut pas être vécue de manière individualiste. Elle est nécessairement communautaire. Le baptême en effet nous agrège au Corps du Christ qui est l’Eglise.

 

Ainsi, nous sommes sommés par Paul de vivre ensemble. Il y faut, dit-il, beaucoup d’humilité et de patience. Il nous faut nous supporter les uns les autres, ayant à cœur de garder l’unité par le lien de la paix… Nous ne sommes pas dans l’Eglise parce que nous nous aimons. Nous y sommes pour nous aimer, pour apprendre à pratiquer l’amour ! Paul n’est pas dupe. Ça n’est pas si facile d’être dans l’Eglise. Cela demande de la vertu. Et cette vertu ne peut venir que de Dieu.

 

Mais à l’inverse, prétendre être chrétien sans exercer entre nous ces vertus, c’est nous mentir à nous-mêmes et à Dieu ! « Si quelqu’un dit : ‘J’aime Dieu’ et qu’il déteste son frère, c’est un menteur : celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer le Dieu qu’il ne voit pas » (1 Jean 4, 20).

 

Il est des moments dans l’histoire, où il semble plus difficile d’aimer l’Eglise, en raison des péchés de ses enfants. Mais le défi se trouve ici, précisément, parce qu’en réalité, les enfants de l’Eglise, c’est chacun de nous. Jésus est venu non pas pour ceux qui se croient justes, mais pour les pécheurs que nous sommes. Notre souffrance devant le mal des autres ne doit jamais tourner au pharisaïsme, mais au contraire, nous aider à une plus grande humilité encore, l’acceptation de nous-mêmes et de nos limites, et l’appel à la miséricorde de Dieu pour nous et pour tous.

 

Seigneur Jésus, tu nous as aimés le premier, et tu as lavé les pieds de ses disciples, pour nous donner l’exemple afin qu’en nous voyant, les gens puissent reconnaitre que nous sommes tes disciples, et dire, comme les Vietnamiens des premiers chrétiens chez eux : ‘C’est la religion de l’amour’. Augmente, entre nous, dans notre Eglise un désir sincère de nous supporter joyeusement, en remerciant les autres de nous supporter depuis si longtemps déjà !

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne