Le « monde » rejette le juste

« Si ce juste est fils de Dieu, Dieu l’assistera, et le délivrera de ses adversaires. Soumettons-le à des outrages et à des tourments ; nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa souffrance »

 

Sagesse 2,12.17-20

 

Pour nous aider à entrer dans l’annonce que Jésus fait de sa Passion, la liturgie de ce jour nous introduit dans le livre de la Sagesse. J’invite tous ceux qui liront ces lignes à reprendre, calmement, un crayon à la main, les trois premiers chapitres du livre de la Sagesse. Quelle sagesse en effet se dégage de ce qui est le plus récent de tous les livres du Premier Testament, écrit cinquante ans environ avant la naissance du Christ !

 

On dirait que ces lignes ont été écrites pour nous. Elles décrivent comment le rejet de Dieu – et donc de la vie éternelle – enferme beaucoup de gens dans un regard faussé sur notre propre vie. Cela conduit au refus total de toute morale : « Venez donc, jouissons des biens présents, profitons des créatures, allons-y : c’est la jeunesse ! Du vin et des parfums ! Ne laissons pas se faner les roses, qu’elles s’ajoutent à notre couronne ! » (Sagesse 1, 6-9).

 

Ensuite, cette dépravation morale leur rend insupportables les fidèles qui ne s’y résignent pas : « Faisons la guerre à celui qui nous ennuie avec sa Loi : il critique notre conduite, il nous reproche de violer la Loi et nous fait honte de notre éducation. Il se vante de connaître Dieu et se proclame un enfant du Seigneur » (Sagesse 2,12-13).

 

D’où leur désir d’éliminer le juste, en se moquant : « Nous saurons ce vaut sa douceur, nous éprouverons sa souffrance… » Ce plan impie préfigure déjà la Passion de Jésus, que nous annonce l’Evangile d’aujourd’hui ! Jésus, le juste, est devenu insupportable à ceux qui ont décidé de se passer de la Loi de Dieu ou qui l’ont abaissée à leur petitesse.

 

Seigneur Jésus, l’amour de ta loi nous éprouve. Elle nous parait souvent au-dessus de nos pauvres forces. Il nous est dur de nous y plier. Mais encore elle nous rend exécrables aux yeux de beaucoup, qui nous jugent ringards, moralisateurs, déconnectés de notre temps. Toi qui es entré dans ta Passion en priant pour tes persécuteurs, garde nous dans l’humilité et la tendresse même envers ceux qui ne nous comprennent pas.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne