« Mais quand Pierre est venu à Antioche,

je me suis opposé à lui ouvertement,

parce qu’il était dans son tort. En effet

il prenait ses repas avec les frères… »

Lettre aux Galates 21-2.7-14.

Le conflit surgit entre Paul et Pierre à Antioche. Dans cette ville, pour la première fois, les disciples du Christ sont appelés « chrétiens » et la majorité d’entre eux vient du milieu païen. Ils sont plus nombreux que les chrétiens d’origine juive. Pierre, le chef des apôtres, vient en visite dans cette ville. Il se mêle volontiers, tout d’abord, avec ces frères d’origine païenne, faisant comme le Christ, mangeant et buvant avec eux.

Mais quand des chrétiens d’origine juive sont arrivés à Antioche, ils ont critiqué le libéralisme de Pierre qui n’était pas conforme à la loi juive – car un Juif na pas le droit de manger à table avec des païens – et Pierre a renoncé alors à cette commensalité. C’était une manière de nier la fraternité instaurée par le Christ, qui  « des deux peuples, juif et païen, n’en a fait qu’un » (cf. Ephésiens 2,13-16). Ce faisant, il laissait croire que le Salut ne vient pas de la grâce du Christ, mais de l’obéissance à la loi juive…

Paul s’est senti désavoué dans son ministère particulier d’aller « annoncer l’Evangile aux nations païennes » et bien plus, il a considéré que cet Evangile était trahi. Pierre avait tort. Il le dit ouvertement, mais ensuite, il quitta Antioche pour ne plus jamais y revenir.

Ces affrontements existent, dans l’Eglise, depuis deux mille ans. Ils créent des blessures qui peuvent être profondes, et des ruptures douloureuses. Ainsi va notre faiblesse. Dieu le sait, il ne peut pas l’éviter. Il s’en sert toujours pour sanctifier ses enfants. Leur obéissance, leur peine offerte, la charité qu’ils exercent envers ceux qui, dans l’Eglise aussi, les persécutent, contribuent à leur purification et, finalement, à leur glorification. Mystère du chemin de la croix par lequel, avec le Christ, nous préparons notre rencontre avec le Père !

Seigneur Jésus, le sacrifice qui plait à ton Père, ce ne sont ni les veaux gras ni les mortifications que nous choisissons, c’est notre obéissance et notre humilité dans l’adversité. Aide-moi à surmonter les épreuves que je peux vivre dans mes relations avec mes frères et sœurs, dans l’Eglise. Ne permets jamais que nos différends effacent entre nous la charité.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane