Ne pas vivre en ennemi du Christ

« Je le redis en pleurant : beaucoup

de gens vivent en ennemis de la

croix du Christ. Ils vont tous à leur

perte. Leur dieu, c’est leur ventre. »

Lettre aux Philippiens 3,17- 4,1.

 

L’apôtre ne se résout pas à voir le nombre de personnes qui tournent le dos à la croix du Christ. Parle-t-il des non-chrétiens ? Ça n’est pas sûr. Il est vrai que Paul considère toujours le monde entier, ce monde des « Gentils », des non-Juifs. Mais il sait bien également qu’au sein de la communauté chrétienne aussi les tensions peuvent être vives.

 

Vivre en ennemis de la croix du Christ ! Tellement de choses se bousculent dans notre tête. La croix du Christ, c’est d’abord avoir accepté de vivre la volonté du Christ au prix de sa sécurité personnelle. La croix du Christ, c’est l’offrande de lui-même comme réponse au mal. La croix du Christ, c’est l’obéissance dans la souffrance. La croix du Christ, c’est d’avoir choisi la solidarité avec ce monde de péché et de mensonge pour nous sauver à tout prix.

 

Vivre en ennemi de la croix du Christ, c’est penser à soi avant ou même au lieu de penser aux autres. C’est s’intéresser à son plaisir immédiat, son « ventre », c’est tendre aux « choses de la terre » dont le plaisir est si fugace. Vivre en ennemi de la croix du Christ, c’est être « catholique mais pas trop » comme le dit le pape François, par peur du qu’en-dira-t-on, par souci de ressembler à tout le monde, c’est chanter la sagesse du Christ mais vivre selon la « sagesse » du monde…

 

Seigneur, vivre en ennemi de ta croix, c’est tout simplement renoncer à convertir tout ce qui, en nous, n’est pas évangélique, amour, pardon, humilité, partage, vérité et fidélité. Ecarte de moi toute tentation de vivre autrement que dans l’imitation de toi, de ton amour, de ta tendresse, de ta fidélité à Dieu jusqu’à la mort et la mort de la Croix.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane