Il faut « manger » la Parole !

« L’ange me dit : ‘Prends le livre, et

mange-le ; il remplira tes entrailles

d’amertume, mais dans ta bouche

il sera doux comme le miel.’ »

Apocalypse 10,8-11.

 

La vision de Jean concerne aujourd’hui un livre distinct du livre scellé du chapitre 5. Il est petit et il est ouvert. Il n’est pas aussi important et lointain que le premier, il est ouvert, dont il est accessible. Jean a le droit de le prendre. Il en reçoit l’ordre, même. Et il doit le manger ! Nous sommes dans un autre contexte que celui qui montrait que seul l’Agneau immolé pouvait recevoir et lire !

 

L’image du livre que Dieu – par l’ange – présente à l’homme pour qu’il le mange se trouve déjà en Ezéchiel 2,8 – 3,3. Il représente la Parole de Dieu, par laquelle il révèle à l’être humain ce dont il a besoin pour vivre comme lumière, comme sagesse, comme loi. Il représente aussi la mission du prophète ou du visionnaire selon  le choix de Dieu.

 

Il convient de manger ce livre. C’est-à-dire de le mastiquer, si j’ose dire, de le faire sien, de le recevoir non pas seulement dans notre tête, mais dans nos entrailles, là où se trouve nos sentiments, notre capacité d’aimer, de vouloir.

 

Ce livre est doux comme le miel car il nous dit tout ce qui est bon pour nous connaître et connaître notre Dieu, pour reconnaître son amour et y répondre. Il est amer parce qu’il dévoile ce qui, en nous, résiste à l’amour de Dieu, le nie même parfois. Il dévoile tout ce qui est caché par peur de la lumière de Dieu, précisément. Ce livre, c’est la Parole de Dieu, elle est « est vivante et efficace, plus pénétrante qu’une lame aiguisée sur les deux bords ; elle atteint là où se séparent l’âme et l’esprit, les jointures et les nerfs, elle fait le discernement des désirs et des intentions les plus secrètes » (Hébreux 4,12).

 

Seigneur Jésus, toi qui es la Parole de Dieu venue dans notre chair, apprends-moi à manger ta parole, à la faire pénétrer au plus profond de mes entrailles et de mon cœur, pour qu’elle éclaire mes pas et me donne l’amour par lequel tu me demandes d’aimer le Père et tous ceux que tu me donnes pour frères et sœurs. Qu’elle me purifie également de tout mal.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane