La charité du Christ

« Jésus appela ses disciples et leur dit : ‘Je suis saisi de compassion pour cette foule, car depuis trois jours déjà ils restent auprès de moi, et n’ont rien à manger. Je ne veux pas les renvoyer à jeun, ils pourraient défaillir en chemin.’ »

Matthieu 15,29-37.

 

L’épisode de la multiplication des pains que nous proclamons aujourd’hui comme évangile de la messe de ce jour est le deuxième dans l’évangile selon saint Matthieu (cf. Mt 14,13-21). Jésus dévoile d’abord à ses disciples sa compassion pour la foule. Le terme grec évoque les « entrailles » du Seigneur. Ce mot, souvent utilisé dans l’Ancien Testament, décrit que Dieu est pris, quasi physiquement – c’est un Esprit, il n’est pas limité comme nous par un corps, qui l’enferme dans un espace et un moment de l’histoire – de compassion, de tendresse, pour l’humanité et ses contradictions, la souffrance de ses enfants.

 

Dans ce récit, Jésus à l’initiative de la multiplication des pains. C’est lui qui « ne veut pas renvoyer les foules à jeun. » Le Seigneur n’est pas seulement préoccupé du salut de notre âme, le bien-être de tout notre être lui importe au plus haut point, jusqu’à être « retourné dans ses entrailles » Il pratique la « miséricorde corporelle dont parlait le pape François à l’occasion du Jubilé de la Miséricorde, c’est-à-dire l’œuvre de charité, sans laquelle la vie chrétienne n’a pas de sens.

 

Dans ce récit enfin, on présente sept pains à Jésus, avec quelques poissons, et on récolte à la fin sept paniers des pains qui restent. Ce chiffre 7 est symbolique. Dans le récit de la première multiplication des pains, les corbeilles restantes étaient 12. Ces chiffres sont symboliques. 12 renvoie aux douze tribus d’Israël et 7 se réfère aux nations païennes (70 est le chiffre symbolique complet). Ainsi, la deuxième multiplication des pains suggère que l’Evangile du Christ ne s’adresse pas aux Juifs seulement, mais à l’humanité toute entière.

 

Seigneur Jésus, tout ce qui est humain est tien ! Tu veux le bonheur de chacun d’entre nous, à commencer par une vie qui respecte notre dignité et nos besoins fondamentaux, corporels, affectifs et spirituels. Aide-nous à ressentir la messe compassion envers tous, sans distinction de couleur, de culture ou de condition, à la mesure de la disponibilité du pape François envers tous, sans aucune exclusive.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane