N’ai pas peur, Joseph, de prendre Marie !

« Marie fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui

 était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. Voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe… »

Matthieu 1, 18-24.

 

L’Evangile de l’enfance, selon saint Matthieu, met en valeur Joseph, l’époux de Marie, dont le rôle dans l’accueil de Jésus, sa croissance et son éducation, sera aussi imp

ortant que discret. D’une autre façon que Luc, Matthieu souligne l’origine divine de Jésus et le miracle de sa conception dans le sein de Marie, la vierge de Nazareth.

 

Marie avait conçu par l’action de l’Esprit Saint. Comment pouvait-elle annonc

er cela à Joseph, et comment serait-elle crédible ? Elle préféra sans aucun doute s’en remettre à Dieu lui-même ! Puisqu’en effet, la venue du Messie était la décision et l’œuvre de Dieu, lui seul pourrait expliquer à Joseph ce qu’il avait demandé à son épouse. On peut imaginer l’angoisse de Marie, sa prière, et sa confiance.

 

On imagine aussi le dilemme et l’angoisse de l’homme. Constatant l’évolution physiq

ue de son épouse, il n’avait pas beaucoup de choix. Il pouvait la répudier publiquement. Mais c’était un homme juste : il connaissait la sainteté de Marie. Il connaissait son cœur. Il ne pouvait se résoudre à la croire coupable, contre toute évidence. Ne comprenant rien, il préférait se retirer.

 

Dieu aurait-il dû agir plus vite ? Sans doute, mais il voulait – pour notre formation – rendre manifeste l’extrême sainteté des deux parents humains de Jésus : la confiance de Marie et l’intégrité de Joseph. Il pouvait ainsi nous donner deux exemples majeurs de sainteté à imiter.

Seigneur, en cette année de la Miséricorde, tu nous donnes de méditer encore sur la sainteté de Marie et de Joseph. Nous te rendons grâce pour l’exemple de confiance en toi qu’ils déploient devant nos yeux. Accorde-nous d’être aussi justes que Joseph, refusant de juger ce que nous ne connaissons pas : le cœur de notre prochain. Fais- nous toujours présumer leur innocence, et, dans le cas contraire, fais nous préférer « recourir au remède de la miséricorde plutôt que de brandir les armes de la sévérité … » (St Jean XXIII).

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane