Marie chante: la Parole devient sa parole

« Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; Désormais toutes les générations me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles »

 

Luc 1, 46-56

 

Nous entrons aujourd’hui dans la prière de Marie, notre douce Mère du Ciel. Elle répond magnifiquement à l’injonction de saint Paul : « que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur » (1 Corinthiens 1, 30). Notre Dame est bien consciente du privilège extraordinaire qui est le sien, mais n’en tire aucune gloire personnelle, elle en fait une prière « eucharistique », un chant d’action de grâce.

 

La véritable humilité est là : Marie ne cache pas les grâces reçues de Dieu et la faveur dont elle est gratifiée. Elle se sait immensément aimée de Dieu Elle sait bien aussi qu’au long des âges, une foule incroyable de gens, petits et grands, l’aimeront. Elle se refuse, pourrait-t-on dire, à jouer une fausse humilité qui nierait ce que tout le monde sait.

 

Mais elle ne manque pas de tout attribuer à Dieu. Le Puissant fit pour moi des merveilles, Saint est son Nom ! 

Voilà le deuxième volet de l’humilité. Elle rejoint le psaume 139, 13-14 : « C’est toi qui m’as formé les reins, qui m’as tissé au ventre de ma mère ; je te rends grâce pour tant de prodiges : merveille que je suis, merveille que tes œuvres. »

 

« Le Magnificat de Marie –- portrait, pour ainsi dire, de son âme –- est entièrement brodé de fils de l’Écriture Sainte, de fils tirés de la Parole de Dieu. On voit ainsi apparaître que, dans la Parole de Dieu, Marie est vraiment chez elle, elle en sort et elle y rentre avec un grand naturel. Elle parle et pense au moyen de la Parole de Dieu ; la Parole de Dieu devient sa parole, et sa parole naît de la Parole de Dieu. De plus, se manifeste ainsi que ses pensées sont au diapason des pensées de Dieu, que sa volonté consiste à vouloir avec Dieu. Étant profondément pénétrée par la Parole de Dieu, elle peut devenir la mère de la Parole incarnée » (Benoît XVI Deus Caritas est 41)

 

Seigneur, puisse Marie, ta  mère, me conduire toujours plus profond dans la reconnaissance de tout ce que tu m’as donné et me rendre plus proche encore de l’humanité qui souffre et qui espère. Qu’avec elle, à Noël, j’accueille dans mon cœur celui qui n’a d’autre désir que de redonner espoir à ceux qui n’en ont plus.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne