Ne saviez-vous que je dois être chez mon Père ?

« Jésus leur dit : ‘comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas qu’il me faut  être chez mon Père ?’ Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. »

Luc 2,41-52.

 

L’adolescence n’a commencé à exister qu’avec l’école. Auparavant, l’enfant passait de l’enfance à l’âge adulte au moment de la puberté. Les garçons suivaient les hommes au travail, les filles demeuraient avec les femmes dans les tâches ménagères. Le mariage à 15 ou 16 ans n’était pas précoce. Les jeunes étaient matures.

 

Dans le monde juif, le jeune garçon devenait un « Fils de la Loi » à l’âge de 12 ans. Il avait achevé l’étude de la Torah (les cinq premiers livres de la Bible) et il pouvait désormais en faire la lecture en public, dans la maison de prière. Il était obligé de suivre la Loi, et donc, de faire trois fois par an, le pèlerinage à Jérusalem, dans le Temple. C’est ainsi que Jésus était arrivé dans la ville sainte avec ses parents.

 

Mais il n’est pas retourné avec eux. Il a voulu manifester son autonomie face à ses parents. Autant le jeune garçon en avait besoin pour affirmer sa maturité, autant Marie et Joseph – comme tous les parents – avaient du mal à voir grandir un enfant ! L’éducation, en effet, doit toujours être une éducation à la liberté – la liberté selon Dieu, naturellement, c’est-à-dire la liberté de choisir le bien. Il reste que le passage de l’enfant à l’âge adulte est toujours un sacrifice pour les parents, dont le secret désir demeure toujours de conserver, sur l’enfant, l’autorité pleine et entière…

 

Marie et Joseph ont dû, comme tout parent, faire le deuil du désir inavoué de garder l’enfant sous leurs ailes. Cependant, leur surprise et leur désarroi passé, ils sont sans aucun doute devenus très fier de leur fils. Certes, il réclamait une autonomie qui leur coûtait, mais c’était afin de vivre l’idéal qu’ils lui avaient eux-mêmes enseigné : à savoir, faire la volonté de Dieu ! Heureux parents !

 

Seigneur Jésus, nous te prions aujourd’hui pour toutes les familles de la terre. Sois dans le cœur des parents pour qu’ils connaissent et accomplissent leur devoir sacré : éduquer ceux que ton Père leur a confiés, pour qu’ils deviennent des adultes dans la foi autant que dans leur être humain. Accompagne aussi les familles en difficultés : protège les enfants, mets sur la route des parents la sagesse de ta Parole et le soutien de ton Eglise. Donne à ton Eglise le cœur d’une mère pour tous, et d’abord pour les familles blessées.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane