L’heure de Jésus

« La mère de Jésus lui dit : ‘Ils n’ont pas de vin.’ Jésus lui répond : ‘Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue.’ Sa mère dit à ceux qui servaient : ‘Tout ce qu’il vous dira, faites-le.’ »

Jean 2,1-11.

 

Dans un opéra, l’Ouverture est essentielle : elle donne toute la thématique de l’œuvre, par les quelques mesures de musique jouées avant que le rideau ne se lève. Il en va ainsi de l’épisode des noces de Cana : en quelques lignes, Jean nous dit quel est le projet de Jésus, comment il va le réaliser, et quelle doit être notre part.

 

Le projet de Jésus : rétablir les noces entre Dieu son Père et l’humanité ; car les noces, c’est ce pourquoi Dieu nous a créé : pour vivre avec lui une formidable alliance, une véritable noce ! D’ailleurs souvent les paraboles qui nous dévoilent l’avenir utilisent les images d’un repas de noces. Nos fautes, malheureusement, créent comme un divorce entre Dieu et nous. Jésus est venu les effacer, pour que de nouveau, selon la formule nuptiale des Juifs, « Nous soyons son Peuple et que Dieu soit notre Dieu » !

 

Comment va-t-il le réaliser ? En répandant son sang, le vin des noces nouvelles, répandu sur la croix, quand l’Heure est venue, cette heure que le miracle de Cana annonce, ce vin que nous ne cessons de recevoir à chaque communion eucharistique – et c’est la raison pour laquelle j’ai tant de mal à ne pas donner la communion sous les deux espèces. Nous bénéficions, chers amis, du vin des Noces Eternelles chaque fois que nous prenons une gorgée de ces six cents litres du vin. Mon Dieu, quelle abondance pour une noce !

 

Quelle sera notre participation à ces noces ? Eh bien Marie nous le rappelle : « Faites tout ce qu’il vous dira » ! Jésus résume son commandement lorsqu’il nous déclare : « Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés, à ceci, tous vous reconnaitront pour mes disciples. Si vous faites ce que je vous commande, vous demeurerez dans mon amour… »

 

En ce dimanche de prière pour les Migrants, écoutons l’appel du saint Père. Je vous invite à relire le discours qu’il a donné lorsqu’il a reçu le corps diplomatique, le 11 janvier dernier. Il connait les difficultés, il sait nos craintes, mais il nous rappelle un devoir sacré. Il est d’ailleurs dans notre intérêt : Desmond Tutu disait : « les blancs seront libres lorsque nous les noirs, nous le seront. Je vous dis que nous serons en sécurité lorsque les pauvres de la terre le seront. » Et d’ailleurs, l’insécurité est aujourd’hui partout : à Ankara, en Indonésie, à Bamako comme à Ouagadougou ou au Mexique…

 

En ce dimanche aussi, rappelons-nous le devoir sacré de protéger notre maison commune. Relisez souvent l’Encyclique de François sur la sauvegarde de la maison commune, ne nous lassons pas de nous demander, en sachant que ce sont les pauvres qui, les premiers, subissent les effets du réchauffement climatique : que dois-je changer dans mon style de vie pour faire ce que Jésus me dira ?

 

Que Marie, présente à Cana comme au pied de la croix, ne cesse jamais de nous aider en nous rappelant avec son insistance maternelle et son regard aigu sur nos besoins : « Faites tout ce qu’il vous dira. »

 

Merci, Seigneur Jésus, de nous inviter à tes noces ! Merci de nous partager le vin de ton amour. Fais de nous les serviteurs de ta tendresse.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane