Il les envoya deux par deux

« Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades,
et les guérissaient.
  »

Marc 6,7-13.

 

Très tôt, Jésus envoya ses apôtres en mission. Peut-être cela faisait-il deux ans qu’ils étaient avec lui et ils avaient une belle expérience de sa mission, mais ils étaient loin d’avoir tout compris. Nous verrons par la suite de l’Evangile qu’ils étaient loin d’avoir intériorisé tous les mystères et tout l’idéal du Règne de Dieu qu’ils étaient chargés d’annoncer.

 

Pourtant Jésus les envoie. Comme lui, leur mission consiste moins à  parler qu’à agir ! Jésus annonçait la venue du Règne à travers trois grands signes : la guérison du corps, la guérison de l’esprit (par l’expulsion des démons) et le pardon. Dans cette première mission, les apôtres reçoivent le pouvoir de guérir et d’expulser les démons. Ces signes sont joyeux et manifestent que le règne du mal et du démon est détruit par Jésus. Il est remplacé par le Règne de Dieu.

 

Comment se fait-il que ces signes de la présence du Règne de Dieu soit si peu visibles dans notre Eglise, aujourd’hui ? C’est un mystère pour moi. Certes, ils ne sont pas absents. Ils sont là, dans des rencontres charismatiques, ils sont présents à Lourdes, ils sont visibles dans les exorcismes, ils nous viennent par l’intercession des saints et permettent au pape de prononcer des béatifications et des canonisations. Mais dans notre prédication habituelle, ils sont relégués au second plan. C’est sans aucun doute dommage. N’est-ce pas le signe d’un certain manque de foi, tant de la part des pasteurs que de certains fidèles ?

 

Seigneur Jésus, je fais ma prière de ce qu’écrivait Madeleine Delbrêl : « Les paroles de l’Evangile sont miraculeuses. Elles ne nous transforment pas parce que nous ne leur demandons pas de nous transformer. Mais, dans chaque phrase de jésus, dans chacun de ses exemples demeure la vertu foudroyante qui guérissait, purifiait, ressuscitait. A la condition d’être, vis-à-vis de lui, comme le paralytique ou le centurion ; d’agir immédiatement en pleine obéissance. » Qu’il en soit ainsi, amen !

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane