Moi non plus, je ne te condamne pas

« ‘Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ?’ Elle répondit : 
‘Personne, Seigneur.’ Et Jésus lui dit : ‘Moi non plus, je ne te condamne pas.
Va, et désormais ne pèche plus.’
»

Jean 8,1-11.

 

Si je devais déchirer mon Evangile pour n’emporter qu’une seule page, je pense que je garderai celle-ci : la rencontre de Jésus avec la femme accusée par ces hommes. Ces derniers mènent une campagne plus que méprisable. Ils sont légalistes car ils mettent la loi au-dessus des personnes ; ils sont injustes, car ils ne s’en prennent qu’à la femme : où donc est l’autre coupable ? Enfin, ils viennent vers Jésus avec un motif pervers. Non pas pour échanger sur un cas « difficile », mais pour lui tendre un piège.

 

Jésus s’occupe d’abord de ces hommes. Il les renvoie à leur conscience : « Regardez-vous vous-mêmes ! Vous n’aurez plus le temps de vous occuper des autres pour mettre sur leur tête une morale de mort ! » Il leur rappelle que le jugement n’appartient qu’à Dieu seul, et que les personnes ne peuvent se juger qu’elles-mêmes, car sur elles-mêmes elles connaissent (presque) tout. Sur les autres, elles n’en connaissent que trop peu. Dieu seul sait tout, et pour cette raison, son jugement est miséricorde.

 

Puis Jésus se retourne vers la femme. Ils sont seuls désormais car tous les autres sont partis, confondus par leurs propres péchés. Le maître n’a dit à personne que l’adultère n’était pas grave ! Mais ce qui lui importe, c’est l’avenir de la femme, c’est salut. Ce salut, il ne pourrait pas l’offrir en condamnant la personne à mort, comme le prescrivait la loi de Moïse. Il l’offrit par sa miséricorde, qui n’est autre que celle du Père : « Va, et désormais ne pèche plus. »

 

Seigneur Jésus, tu m’as couvert de la miséricorde du Père dès mon plus jeune âge, et mon âme te bénit à jamais ; accorde-moi de pratiquer cette même miséricorde envers tous ceux qui m’entourent et « désormais de ne plus jamais juger ».

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane