Jésus fut bouleversé au plus profond

« A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, au cours du repas qu’il prenait avec ses disciples, il fut bouleversé au plus profond de lui-même et il attesta : ’Amen, amen, je vous le dis : l’un de vous me livrera’ »

 

Jean 13, 1.21-33.36-38.

 

Dans l’Evangile selon saint Jean, la passion présente un Jésus totalement maître de lui-même, le seul qui sache où il va. Les autres sont des « prophètes par défaut », ils ne sont que des exécutants d’un scénario qui leur échappe. Ils croient éliminer Jésus, mais ils élèvent celui qui va tout attirer à lui. On le voit bien lorsque Caïphe, le grand-prêtre, déclare : « vous ne voyez pas quel est votre intérêt : il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas. » Ce qu’il disait là ne venait pas de lui-même ; mais, étant grand prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation » (Jean 11,51-52).

Autant Jésus, dans Marc, apparait seul dans sa passion, autant dans Jean il marche vers la Gloire. Cet Évangile ne rapporte même pas l’agonie de Jésus dans le jardin.

 

C’est avant, en amont, que la dimension profondément humaine de Jésus apparait. Il est capable de pleurer son ami Lazare (cf. Jean 11, 35) ; son âme est troublée (cf. Jean 12, 27). Jésus vit les mêmes angoisses que nous. Voilà qui nous permet de saisir que la livraison par Judas n’est pas passée sans lui faire mal. À sa pensée, il est « bouleversé au plus profond de lui-même ». N’est-il pas important pour nous de nous laisser toucher et envahir par son humanité qui rejoint tant la nôtre ?

 

Seigneur, comme il est difficile pour nous, pour moi, de te rejoindre vraiment dans ta passion, dans ta souffrance, dans l’horreur aussi que notre péché produit en toi ! Fais-moi la grâce de te tenir par la main en ces jours que tu nous offres pour faire mémoire de ton Heure.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane