« Comme ils parlaient encore, Jésus lui-même était au milieu d’eux, et il leur dit : ‘La paix soit avec vous’. Frappés de stupeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Jésus leur dit : ‘Pourquoi êtes-vous bouleversés ?’ »

 

Luc 24, 35-48.

 

Voilà bien une situation étonnante ! Les deux disciples qui reviennent d’Emmaüs racontent à leurs frères comment « ils l’ont reconnu à la fraction du pain ! » (cf. Luc 24, 34-35) et les autres leur rapportent aussi, avec beaucoup de joie que « C’est bien vrai, le Seigneur est ressuscité, et il est apparu à Simon ». Et cependant, alors que soudain, Jésus se trouve au milieu d’eux, ils sont frappés de stupeur et de crainte, et dans leur joie ils n’osaient pas encore y croire…

 

L’écriture de ces textes évangéliques est vraiment très subtile, nous le comprenons bien. Car il s’agit de parler de réalités qui ne sont pas terrestres au sens commun du terme. Désormais, Jésus appartient au monde de Dieu, au point qu’il peut dire, alors qu’il est présent, quand j’étais encore avec vous (Luc 24, 44), comme si sa présence était dans l’absence ! C’est une présence différente, qui ne peut se voir que dans la foi. Les évangélistes font tout ce qu’ils peuvent pour dire à la fois que Jésus est vivant, et qu’il subsiste dans une vie différente, non plus terrestre, mais céleste.

 

Que les disciples soient bouleversés, et que les évangiles le disent, est un signe profond d’authenticité. S’ils avaient voulu inventer l’histoire de la résurrection de Jésus, ils ne se seraient pas donné ce mauvais rôle d’enfants difficiles à convaincre ! Par contre, ils me rassurent, car pour moi, comme pour eux, dire que Jésus est vivant demeure un acte de foi, de confiance, pour lequel j’ai des signes, mais pas de preuve. Seigneur, je crois, mais augmente ma foi !

 

Seigneur Jésus, je n’aurai pas trop de toute ma vie pour comprendre que oui, tu es vivant, car ta résurrection ne t’a pas fait revenir à ta vie d’avant la mort, elle t’a fait entrer dans une autre Vie, la vraie Vie, celle qu’espérait sainte Thérèse lorsqu’elle murmurait : ‘Je ne meurs pas, j’entre dans la Vie’. Tu m’invites ainsi à vivre sur cette terre comme appartenant déjà au ciel, je te dis oui avec bonheur, et, puisque je ne peux pas le faire tout seul, sois-toi-même, en moi, la force de sainteté.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Guyane