C’est moi qui vous ai choisis

« Si le monde a de la haine contre vous, sachez qu’il en a eu d’abord contre moi. Si vous apparteniez au monde, le monde vous aimerait, car vous seriez à lui. Mais vous n’appartenez pas au monde, puis que je vous ai choisi en vous prenant dans le monde »

 

Jean 15, 18-21.

 

Dans son entretien avec ses disciples, Jésus veut les armer pour l’apostolat qui les attend. Alors que lui-même fait face au rejet et à la mort, il ne veut pas cacher aux siens qu’ils rencontreront, à leur tour, de la haine autant que de l’amour.

 

Le paradoxe majeur de la relation entre Dieu et le monde, entre Jésus et le monde, et maintenant entre les disciples de Jésus et le monde, c’est que l’amour proposé par Dieu, Jésus et les disciples, n’est pas accueilli par tous. Il crée de la jalousie, de la haine et du rejet.

 

Pourquoi ? Jésus nous l’indique : quand nous devenons disciples de Jésus, nous cessons d’appartenir au monde. Nous cessons de penser comme lui. En tout cas, c’est ce que Jésus attend de nous ! Nous nous en rendons facilement compte. Pour cela, je mets en fin de cette méditation une description du chrétien dans un texte très ancien, la Lettre à Diognète.

 

Seigneur Jésus, nous sommes à toi, mais nous sommes sans cesse tentés aussi de penser comme le monde. Et comme lui, il nous arrive de penser que tu n’as pas raison, quand tu nous demandes d’être fidèles, de pardonner, d’aimer nos ennemis, de respecter notre corps et celui des autres, de respecter les lois justes de notre pays, comme le code de la route par exemple. Fais-nous grandir dans le respect de ce que tu nous demandes quand tu nous dis : ‘Si vous observez mes commandements, vous demeurez dans mon amour

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne

 

Lettre à Diognète :

  1. Car les Chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les vêtements. 2. Ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils ne se servent pas de quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier. 3. Ce n’est pas à l’imagination ou aux rêveries d’esprits agités que leur doctrine doit sa découverte ; ils ne se font pas, comme tant d’autres, les champions d’une doctrine humaine. 4. Ils se répartissent dans les cités grecques et barbares suivant le lot échu à chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle. 5. Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. 6. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. 7. Ils partagent tous la même table, mais non la même couche. 8. Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. 9. Ils passent leur vie sur la terre, mais sont citoyens du ciel. 10. Ils obéissent aux lois établies et leur manière de vivre l’emporte en perfection sur les lois. 11. Ils aiment tous les hommes et tous les persécutent. 12. On les méconnaît, on les condamne ; on les tue et par là ils gagnent la vie. 13. Ils sont pauvres et enrichissent un grand nombre. Ils manquent de tout et ils surabondent en toutes choses. 14. On les méprise et dans ce mépris ils trouvent leur gloire. On les calomnie et ils sont justifiés. 15. On les insulte et ils bénissent. On les outrage et ils honorent. 16. Ne faisant que le bien, ils sont châtiés comme des scélérats. Châtiés, ils sont dans la joie comme s’ils naissaient à la vie. 17. Les juifs leur font la guerre comme à des étrangers ; ils sont persécutés par les Grecs et ceux qui les détestent ne sauraient dire la cause de leur haine.
  2. En un mot, ce que l’âme est dans le corps, les Chrétiens le sont dans le monde.