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« D’autres grains sont tombés dans les

Ronces ; les ronces ont poussé et les ont

Étouffés. D’autres sont tombés dans la 

Bonne terre, et ils ont donné du fruit »

Matthieu 13,1-9.

 

Aujourd’hui commence le troisième des cinq grands discours de Jésus dans l’Evangile selon St Matthieu. C’est le discours en paraboles. Une image vaut mille mots, affirme Confucius, et c’est bien vrai. Nous retenons plus facilement les images que les discours abstraits. Jésus parlait en parabole afin d’être immédiatement compris, et avec la certitude aussi que les images ont plusieurs couleurs, il est facile de les adapter à des situations diverses.

 

Le semeur est sorti pour semer. C’est l’image des commencements, des fondations. C’est l’image de l’activité dans son germe. Semer, c’est penser à l’avenir, c’est le préparer et lui confier toute notre espérance. Jésus est venu semer dans le cœur de l’humanité l’espérance du succès, de l’aboutissement, de la plénitude.

 

Le semeur sème largement, disait un cardinal au synode sur la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Eglise. Il disait que le semeur ne regarde pas chaque grain qui tombe ; il sait qu’il y aura de la perte, mais il sait aussi que s’il sème chichement, il récoltera chichement. La nature est ainsi faite, elle ne compte pas. Que ferait un manguier s’il ne faisait des fruits qu’en fonction du résultat, se refusant à donner une mangue sans savoir si elle serait mangée ou si elle pourrirait sur place ?

 

Le semeur doit se douter qu’au fond, rien ne se perd, dans la nature ; ce que les oiseaux mangent leur profite. Les grains étouffés par les ronces finiront par nourrir la terre pour les années suivantes, ou bien les vers, qui nourriront d’autre animaux… le cycle biologique a besoin de tout et récupère tout ! Si l’homme ne pensait qu’à lui, la terre sècherait sur place !

 

La parabole du semeur nous invite à ne pas être avares, ni chiches, dans notre vie, dans nos actions, dans notre amour. Compter, c’est manquer de confiance dans l’avenir. Les compteurs sont des avares. On pourrait dire ce que notre professeur nous assénait devant un devoir bâclé : « Fruit sec ! »

 

Seigneur, tu as créé pour nous une nature riche et débordante, immensément généreuse de tous les côtés, dans laquelle, finalement, rien ne se perd. Seules se perdent les créations humaines, nous avons, nous, créé une culture du déchet ! Apprends-nous à être généreux et à trouver, par notre intelligence, comment renoncer à la culture du déchet pour imiter celle du cycle biologique que tu déploies sous nos yeux. Béni sois-tu

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane