Vous ne savez pas ce que vous demandez

« Jésus les appela et leur dit : ‘celui 

qui veut devenir grand sera votre

serviteur ; et celui qui veut être

le premier sera votre esclave.’ »

Matthieu 20,20-38.

 

La fête de Saint Jacques l’apôtre est l’occasion de revenir sur un épisode de leur vie où la mère de Jacques et Jean vient demander à Jésus une faveur pour ses fils : une place d’honneur dans le Royaume des cieux. Ça n’est pas vraiment du goût de Jésus, ni sa manière. Il le rappelle d’une façon très directe.

 

Dans ce cas précis, il ne prend même pas la peine de s’appuyer sur son comportement, alors qu’il a dit par ailleurs : « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude (cf. Marc 10,45). Il se réfère directement sur l’exemple du « monde » : ceux qui ont le pouvoir se croient tout permis et commandent en maitres et il ajoute « Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. »

 

Il est pourtant essentiel pour nous de regarder Jésus, posément, intensément, régulièrement et dans un esprit de contemplation. Il est le modèle. Quand je prends la peine de méditer sur sa patience avec moi, sur sa « non-directivité », sur la façon dont il me sert, tout le temps, au point de devenir ma nourriture quotidienne, sans que jamais je ne sente de sa part de la réticence, alors même que moi-même, je ne me suis pas préparé, ou je suis distrait, comme absent du geste de communion que j’accomplis bien trop machinalement. Alors je comprends que lui le maitre, s’est vraiment fait mon « esclave » !

 

Et alors, je peux regarder aussi la manière dont je me comporte avec les autres, dans ma famille, dans mes relations sociales, professionnelles, comme prêtre ou évêque : suis-je vraiment, vraiment, au service ? Est-ce que mon comportement peut faire deviner aux autres que je suis habité par le Christ ? C’est bien la seule question à me poser, le soir, dans mon examen de conscience.

 

Seigneur Jésus, tu t’es fait pauvre pour m’enrichir de ta pauvreté. Tu t’es totalement remis entre mes mains pour me permettre de devenir toi. Fais-moi voir ce qui, en chaque instant de mes journées, te ressemble et ce qui ne te ressemble pas. Et que ma prière soit pour moi comme un chemin de conversion.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane