Vous risquez d’arracher le blé

«  Non, en enlevant l’ivraie, vous 

Risquez d’arracher le blé  en

même temps. Laissez-les pousser

ensemble jusqu’à la moisson »

Matthieu 13,24-30.

 

La parabole de la mauvaise herbe – l’ivraie – est la troisième histoire de Jésus mettant en scène un semeur. Le Seigneur aime ces histoires « agricoles », si familières à son peuple de Galilée. Sa région était, en effet le grenier du pays tout entier, une terre fertile dans les mains expertes des siens. Les semailles sont tellement suggestives sur la croissance, le temps à respecter et la patience qu’elles exigent de la part des cultivateurs !

 

Dans cette troisième parabole, Jésus met en scène un ennemi « extérieur ». Il ne s’agit plus de terrains plus ou moins réceptifs à la semence, mais d’un ennemi occupé à saccager le travail du Seigneur. Tandis que le maître du terrain s’est évertué à semer du bon grain, l’autre, le travailleur de nuit, l’amoureux des ténèbres, est venu semer de quoi étouffer le travail consciencieux du premier.

 

La réaction des serviteurs est humaine. C’est une réaction assez commune, qui parait de bon sens, jusqu’à ce que le maître du domaine n’apporte une réflexion importante : avant de poser un acte réactif, il convient de réfléchir sur les conséquences secondaires : le remède est-il meilleur que le mal ? N’a-t-il pas des dangers cachés – ce que nous appelons aujourd’hui des « dommages collatéraux », non prévu par une réaction à courte vue ? En effet, le remède doit être proportionné au mal, et réfléchir amplement sur toutes les implications possibles de son application.

 

Jésus nous invite, évidemment, à ne pas réagir à chaud, sur des émotions, mais à réfléchir, évaluer, prendre patience, éviter que la réaction ne soit pire que l’action. Il comprend que nous puissions avoir des sentiments de colère. Il nous appelle à ne pas réagir sous le coup de la colère, mais à garder la tête froide et à utiliser logement notre intelligence.

 

Seigneur, nous savons combien ta patience avec nous est infinie. Tu n’agis pas selon ta colère, mais selon ton amour et ta miséricorde. Car tu  ne veux pas la mort du pêcheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane