vous risquez d’arracher le bon grain

« Celui qui sème le bon grain, c’est 

le Fils de l’homme ; le champ, c’est

le monde ; le bon grain, ce sont

les fils du Royaume »

Matthieu 13,36-43.

 

La parabole du bon grain et de la mauvaise herbe (ivraie) est une des grandes paraboles relevées par Matthieu, et à propos de laquelle les disciples demandent à Jésus une explication complémentaire. Nous en lisons aujourd’hui le contenu. J’aime bien l’expression de Jacqueline d’Ussel qui parle à son propos comme à celui de la parabole du filet (Matthieu 13,47-40) des « paraboles du mélange ».

 

Elle écrit : « Le bien et le mal, la grâce et la misère sont mêlés. Cela ne prend pas Dieu au dépourvu. Il est maître de la semence, même quand l’ivraie foisonne… Nous ne verrons jamais sur terre le Royaume dans toute sa pureté. Nous n’avons pas à nous en troubler. Le mélange se trouve partout, et d’abord en nous-mêmes. »

 

Aussi, retenons bien la leçon de Jésus. D’abord, il a, vis-à-vis de chacun d’entre nous, une extrême patience ! S’il devait à chaque fois tirer sur l’ivraie qui se trouve dans notre cœur, nous passerions notre temps en salle d’opération. Ensuite, nous aussi, nous avons beaucoup de patience avec nous-même ! Nous ne nous prenons pas sans cesse la tête en raison des mauvaises herbes qui surgissent dans nos pensées, nos actions, nos paroles et nos omissions…

 

St Pierre Chrysologue écrit également que le blé peut devenir de l’ivraie, et l’ivraie peut devenir du blé. On ne peut pas juger d’une personne avant le terme de sa vie, et Dieu seul peut le faire. Juger maintenant, c’est tuer !

 

Pourquoi user, alors, d’impatience, vis-à-vis des autres ? Pourquoi nous ériger si souvent en donneurs de leçons ? Pourquoi être toujours tentés de corriger les autres, alors que nous acceptons si difficilement les corrections qui nous sont adressées ? Laissons Dieu être le juge, à la fin des temps, au temps de la moisson. C’est son travail et il le fera mieux que nous !

 

Seigneur Jésus, je te rends grâce pour la simplicité et la profondeur de ton enseignement ? Qui peut contester ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Aide-moi, simplement, à les mettre en pratique, chaque jour, et d’abord aujourd’hui.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane