A vin nouveau, outres neuves

« Et personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement le vin nouveau fera éclater les outres, il se répandra et les outres seront perdues »

 

Luc 5, 33-39

 

Il est arrivé souvent que, voulant critiquer Jésus, ses adversaires s’en prennent plutôt aux disciples. C’est plus facile ! Ainsi les pharisiens leur reprochent, ici, de ne pas jeûner comme les disciples de Jean le baptiste. La réponse de Jésus est double. D’une part, il avertit qu’il y a un temps pour tout. Le temps viendra où ses disciples jeûneront, lorsqu’il leur sera enlevé, au moment de sa crucifixion et aussi après son ascension.

 

Mais Jésus va plus loin. Il invite ses adversaires à accepter que les choses changent. Ils ne doivent pas rester figés dans leurs habitudes, sinon ils ne seront pas capables d’accueillir l’actualité. Or Jésus est toujours dans l’actualité, dans la nouveauté : « Voici, je viens faire toutes choses nouvelles » (Ap 21, 7).

 

Chrétiens, nous sommes toujours devant ce défi : accueillir ce qui est neuf sans tenter de le faire entrer dans les choses vieilles. Le pape François nous montre l’exemple par la manière dont il invite à vivre un synode sur l’Amazonie, souhaitant une Eglise où la périphérie du monde est au centre, parle avec un langage adapté, plein de bienveillance, plein de confiance dans la capacité des jeunes et des petits à renouveler l’Eglise. Il ne change pas la foi ni la doctrine, il nous fait entrer dans le regard de Jésus, infiniment miséricordieux.

 

Seigneur, tu demandes à ton Eglise de Guyane de faire une grande place aux jeunes, parce qu’ils sont nombreux, que ce sont tes enfants et que tu as une grande confiance en eux. Montre-nous comment construire de nouvelles outres pour accueillir ce vin nouveau, et ôte de nos cœurs la tentation de les enfermer dans de vieilles outres. Epargne-nous ainsi de les perdre et de perdre nos outres aussi.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne.