Pour vous, qui suis-je ?

« Pierre prit la parole et dit : ‘ (Tu es) le Messie de Dieu’. Et Jésus leur défendit vivement de le révéler à personne en expliquant : ‘Il faut que le Fils de l’Homme souffre beaucoup…’ »

 

Luc 9, 20-22

Jésus était en prière, commence Luc. Dans son Evangile, Jésus est en prière très souvent, à chaque moment important de sa vie. Puis il provoque ses disciples : « Pour vous, qui suis-je ? ». C’est u

ne question étonnante. Je ne pense pas que beaucoup d’entre nous aient pensé à la poser à d’autres. Nous s

avons bien qui nous sommes, et les autres également !

 

Ici, nous entrons dans le mystère de la relation entre Jésus et ses disciples. Ils n’ont pas l’air étonnés, eux, par cette question ! Et Pierre, habitué à prendre les choses en main, répond. Il dévoile ainsi la profondeur de l’estime qu’ils portent à leur maître. Ils ont saisi, peu importe comment, qu’il y a une présence mystérieuse, unique, de Dieu et de son pouvoir, dans la personne de Jésus. Ont-ils conscience de tout ? Sans doute pas encore.

 

Et voilà que Jésus nous prend encore par surprise : il leur défend de faire savoir qui il est. Puis il annonce sa passion. C’est important, car ainsi, il nous invite à saisir que, pour bien parler de lui sans se tromper, il faut avoir compris le sens de sa souffrance et de sa mort. Seule l’offrande de Jésus sur la croix nous permet de saisir comment il est le Messie : non pas comme un puissant qui écrase, mais comme un amour qui s’anéantit pour faire surgir en nous le pardon et la vie.

Et tant que nous n’avons pas compris la croix, nous ne devons pas parler de lui, parce que nous risquons de mal en parler et d’offrir de lui une connaissance qui n’est pas la bonne. Les démons aussi connaissent jésus. mais ils ne veulent pas le faire connaître. Jamais ils ne parleront de la croix, qui manifeste l’horreur du péché !

 

Aussi, connaître Jésus, c’est s’engager dans le même temps à le suivre, à l’aimer et à le faire aimer. Dans le cas contraire, il devient un mystère et toute notre vie devient obscure à nous-mêmes.

 

Seigneur Jésus, toi qui m’invites à te faire connaitre, ne permets pas que j’éloigne mon regard de ta croix, car alors, je risquerai de mal parler de toi, de créer plus d’illusions que de foi véritable. C’est uniquement par la croix que tu montres que ta puissance n’est pas dominatrice, mais amour extrême qui rend libre !

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne