Invite les pauvres !

« Quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; et tu seras heureux parce qu’ils n’ont rien à te rendre. Cela te sera rendu à la résurrection des justes »

 

Luc 14, 12-4

 

Nous sommes toujours, depuis l’évangile de samedi dernier, avec Jésus au repas donné par le chef des pharisiens. Après avoir fait une remarque sur la manière dont les gens cherchent à occuper les premières places, voici maintenant que le Seigneur provoque de nouveau son hôte : invite ceux qui n’ont rien à te rendre… !

 

Décidément, Jésus n’est pas un hôte facile ! Ni pour ceux qui l’invitaient à dîner, ni pour nous aujourd’hui, qui l’accueillons dans notre cœur ! Car, de fait, il ne nous laisse pas tranquilles. Son ambition pour nous est extrême, il souhaite donner à l’amour que nous portons aux autres la même portée que celui qu’il porte dans son cœur : une portée universelle : un dimension inconditionnelle, aimer sans chercher de retour ni de récompense, du moins dans cette vie terrestre.

 

Nous avons une grande dévotion pour le Sacré Cœur de Jésus. En effet, nous sommes les bénéficiaires de son amour, parce qu’il est mort pour nous quand nous étions encore pécheurs (Romains 5, 8).

 

« Ce qu’il y a terrible pour nous les pauvres, c’est que personne n’a besoin de notre amitié ». Cette parole me revient souvent lorsque je suis en présence d’un pauvre, exclu de la société. Plus qu’une pièce d’argent, c’est d’abord d’un regard d’estime qu’il est mendiant. Et tant que je ne suis pas en mesure de l’accueillir à ma table, ma générosité souligne encore sa dépendance à mon égard.

 

Seigneur Jésus, toi qui es venu pour que ton amour nous rende la vie, béni sois-tu. Fasses que l’amour que je porte à ton Sacré Cœur devienne petit à petit puissance d’accueil et d’estime pour ces pauvres dont tu t’es fait, toi le premier, le prochain. Apprends-moi cet amour qui ne cherche pas son intérêt.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne