Relevez la tête, votre rédemption est proche

« Lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Royaume de Dieu est proche. Amen je vous le dis : cette génération ne passera pas sans que tout arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas »

Luc 21, 29-33

Voici une des paroles les plus difficiles de l’Evangile ! Leur message est à la fois limpide et mystérieux. Limpide parce qu’il invite à faire une confiance totale à Jésus. Il sait ce qu’il fait et vers où il nous entraine. Il connait aussi les défis de la vie que nous avons à mener. Il nous fait entrevoir la victoire pour nous éviter un découragement toujours menaçant devant les épreuves que nous avons à affronter.

Mais le message est aussi mystérieux. « Cette génération ne passera pas sans que tout arrive ! » Jésus croyait-il revenir sur terre juste après sa résurrection ? Mais alors, s’est-il trompé ? Les apôtres ont-ils mal compris ? Pourquoi ont-ils repris des paroles évidemment difficiles ? Par respect ? Auraient-ils inventé des paroles ? Mais pour quelle raison ? Nous n’avons pas de réponse définitive à cette question. Moi-même, je ne comprends pas tout. Je prends simplement pour moi ce qui est ma part. Le reste s’éclairera le moment venu.

Ma part, en ce 29 novembre 2019, c’est de croire, en effet, que les paroles de Jésus ne passeront pas. Tant de voies annoncent que nos pensées sont ringardes, dépassées, voire néfastes et offensantes pour la liberté humaine. Bien sûr, je puis toujours mal interpréter sa parole, prendre comme venant de lui ce qui ne serait que de moi et de mes peurs. Mais j’accepte de vivre dans cette communauté qui s’appelle l’Eglise, et qui me guide pour que je comprenne mieux ce qui vient vraiment de Dieu. Exercice difficile. Il me rend humble, mais me comble de paix.

Et en ce même jour, je regarde le monde comme un temps de printemps, où bourgeonne de nouveau l’espérance de tant de peuples en un jour meilleur. Ils ne se résignent pas, ils n’ont pas peur, même des balles de la police ou de l’armée. Ils savent qu’ils sont fait pour le bonheur et qu’à bien des égards on le leur vole. Ils le réclament. Ne le vois-tu pas ? Tu peux avoir peur de tout cela ou au contraire te réjouir de cette sève qui monte, en dépit de l’hiver, ou même en raison de l’hiver qui ne pourra pas durer éternellement.

Je te rends grâce, Seigneur Jésus ! Tu m’invites à la confiance, c’est-à-dire à croire que tout ce qui arrive me rapproche de toi et contribue au salut de l’humanité tout entière. Tu veux que mon espérance soit forte au moment où tant de vents contraires soufflent et fragilisent notre humanité. En toi, tout est signe de victoire ! Tu veux aussi que tous les peuples te connaissent et atteignent la paix que tu promets, et qui ne peut pas se construire sans toi ni sans nous. Oui, Sacré Cœur de Jésus, j’ai confiance en toi.

† Emmanuel Lafont

Evêque de Guyane