« Si quelqu’un dit : ‘j’aime Dieu’ alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de Lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère »

Première lettre de Jean 4,19 – 5,4.

 

L’enseignement de Jean est constant, mais il devient plus fort aujourd’hui alors que continuent partout dans le monde des attentats, soit-disant au nom de Dieu. Ce mensonge crie jusqu’au ciel, ce blasphème même, car associer Dieu à un meurtre prémédité relève du blasphème.

 

Qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Cette parole nous interpelle tous. Car, de par la volonté de Dieu, tout être humain est devenu mon frère ou ma sœur. Le mystère caché depuis des siècles et révélé par le Christ, c’est bien l’unité du genre humain, sans aucune limite de couleur, de race ou de conviction. Nous venons de célébrer la fête de l’Epiphanie, c’est-à-dire de la manifestation du Christ à toutes les nations, car il est venu pour tous, des deux, Juifs et gentils (non- Juifs), il n’a fait qu’un seul peuple.

 

Par conséquent, aimer mon frère, que je vois, c’est aimer tous ceux que je rencontre, ici, en Guyane : amérindien, bushinengué, créole, chinois, hmong, haïtien, brésilien, « georgetownien » surinamien, colombien… Je ne devrais même pas énumérer tous ces groupes de personnes, car ce ne sont pas des groupes qu’il faut aimer, mais chaque personne. Sans labéliser quiconque, pour se permettre d’éviter la fraternité…

 

Ces atteintes à la dignité humaines rendent indignes ceux qui les commettent et ceux qui s’y habituent. Mais l’éducation doit se faire en amont, dès le plus jeune âge. Malheur à nous qui distillons à nos enfants nos propres préjugés, nos rancœurs, notre refus de mettre l’Evangile au moteur de nos sentiments, de nos regards et de nos paroles. Peut-être n’y arrivons-nous pas tout de suite. C’est humain, mais le reconnaitre comme un manque est décisif. Nous en accommoder est mortifère. Cela tue l’amour dans notre âme.

 

Seigneur, par la puissance de ta croix, fais de moi le frère de tous ceux que je peux rencontrer, afin de ne jamais manquer les rendez-vous que tu me donnes.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane