« Le juste nous regarde comme des gens douteux, se détourne de nos chemins comme s’il craignait de se salir. Il proclame bienheureux le sort final des justes, il se vante d’avoir Dieu pour père. Voyons si ses paroles sont vraies, regardons où il aboutira. Si ce juste est fils de Dieu, Dieu l’assistera, et le délivrera de ses adversaires. »

Sagesse 2,1.12-22.

Nelson Mandela a dit un jour : « Si vous passez pour un saint, cela peut décourager les gens ! ». Il le disait d’abord parce que beaucoup de gens ont été tentés de faire de lui un saint, et il avait une extrême conscience de ses propres limites et de ses échecs ; il n’était pas aveuglé par son immense aura. Cela l’agaçait qu’on le traite de « saint ». En cela, il était semblable à tous les saints de la terre, qui sont des personnes humbles devant Dieu et devant les autres. Les saints sont conscients de leurs défauts et de leurs péchés.

Mandela disait cela aussi parce qu’il était suffisamment humble pour reconnaître que ceux qui se croient supérieurs aux autres sont très désagréables et finissent par dégouter les autres des idéaux qu’ils professent. Il existe une manière d’avoir raison qui est insupportable aux autres. Car elle les méprise et les écrase.

Le texte du livre de la Sagesse que nous méditons aujourd’hui se trouve à la charnière de ces deux vérités. Celui qui cherche à imiter le Christ, comme le Christ, peut susciter le rejet de la part de ceux qui n’aiment pas la lumière et la vérité. Jésus a vécu ce rejet et beaucoup de saints à sa suite, sont humiliés, calomniés, voir rejetés des communautés qu’ils ont fondées ! L’humiliation est un des grands chemins d’apprentissage de l’humilité, et l’humilité est une des marques certaines de la sainteté.

A nous d’éviter ces deux écueils. Celui de nous croire supérieurs aux autres parce que nous avons dit oui à la vérité et à la lumière du Christ. La foi est un don gratuit que nous avons reçu, ça n’est pas un motif de gloire personnelle. Celui de nous révolter contre ceux qui nous rejettent parce que nous appartenons au Christ. Dieu permet cela pour notre purification. Ils nous rendent un service éminent. Seul Dieu peut nous permettre de le comprendre.

Seigneur Jésus, je te rends grâce de m’avoir donné de te connaître et de t’aimer, car j’ai là un bonheur que rien ne peut m’arracher. Et je te rends grâce de m’offrir de participer à ton destin, à tes souffrances et à tes humiliations, car je reconnais que c’est bon pour l’expiation de mes péchés.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane