Il enseignera le droit

« Ainsi parle le Seigneur : ‘Voici mon serviteur que je soutiens, 

mon élu qui a toute ma faveur. J’ai fait reposer sur lui mon esprit ;

aux nations il enseignera le droit »

Isaïe 42,1-7.

Les trois premiers jours de la Semaine Sainte nous donnent à méditer en première lecture trois des quatre « Poèmes du serviteur » proposés par le deuxième Isaïe : 42,1-7, 49,1-3 et Isaïe 50,4-11). Le quatrième, Isaïe 52,13 – 53,12, servira d’introduction à la proclamation de la Passion selon saint Jean, le vendredi saint prochain.

Ces poèmes, écrits environ 550 ans avant Jésus Christ, au moment où le peuple Juif était en exil à Babylone, sont d’une profondeur et d’une clarté telle que les premiers chrétiens y ont trouvé une prophétie étonnante de la personne, du message et du destin du Messie, Jésus. Il s’offre à notre méditation aujourd’hui dans sa mission : il enseignera le droit. En ces temps de pandémie, quelle plus belle contemplation pouvons-nous pratiquer ?

Dieu nous a créés libres afin que nous ayons la capacité d’accueillir et de répondre à son amour. Seuls les gens libres peuvent aimer. Mais nous pouvons abuser de notre liberté. Nous le faisons chaque fois que nous choisissons le mal, chaque fois que nous nous échappons.

Dieu ne nous empêche pas d’agir, bien ou mal. il est venu nous dire ce qui est bien. Son serviteur Jésus nous a donné les règles définitives qui nous font vivre. Ne pas les accueillir, c’est nous exposer à agir mal et ses conséquences sont devant nous : injustices entre les hommes, égoïsme et soif de pouvoir et d’argent, mépris des autres, mépris de la nature dont nous abusons comme aucune génération avant la nôtre. Il est temps de revenir à Jésus et de cesser de croire que ces paroles ne sont pas essentielles. Méditons-les pendant les jours saints.

Comme disait Jésus aux femmes qui pleuraient, sur la route du calvaire : Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! Voici venir des jours où l’on dira : “Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité !” Alors on dira aux montagnes : “Tombez sur nous”, et aux collines : “Cachez-nous. ”Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? » (Luc 23,28-31).

Seigneur Jésus, par la force des choses, tu nous donnes beaucoup de temps pour prier, réfléchir, recevoir ta parole. Puissions nous sortir de cette pandémie comme tu es sorti du tombeau le jour de Pâques : les mêmes, mais différents, convertis, joyeux de suivre ton exemple d’obéissance, de justice et de lumière.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane