Je ne me suis pas révolté

« Dieu mon Seigneur m’a donné 

le langage d’un homme qui se laisse

instruire, pour que je sache à mon tour

 réconforter celui qui n’en peut plus »

Isaïe 50,4-9.

Nous voici, en ce mercredi saint, méditant le 3ème poème du Serviteur que nous donne le deuxième Isaïe. Il annonce, d’une manière extrêmement précise, le comportement de Jésus dans sa passion : il s’offre, il se donne, il ne se révolte pas, ne se dérobe pas, présente son dos… il a vu, dans ce qui se passe, l’accomplissement de la mission que le Père lui a donnée : s’offrir et souffrir.

Alors qu’il était totalement innocent, il aurait eu toute légitimité pour se révolter, pour refuser le sort qui lui est fait et questionner la bonté de son Père. Il s’est produit l’inverse. Le Christ a accueilli ses souffrances et sa Passion comme une instruction lui permettant de nous réconforter ensuite. Il est passé par là où nous passons. Il sait ce qu’il en est. Sa compassion n’est pas un exercice de style, mais l’amour de celui qui connaît, de l’intérieur, nos souffrances et nos blessures.

Retenons cela aujourd’hui : des souffrances qui « instruisent » !  Des souffrances éclairées quotidiennement pas la Parole de Dieu : La Parole me réveille chaque matin, chaque matin elle me réveille pour que j’écoute comme celui qui se laisse instruire… C’est tout un programme de vie, auquel, avec le Christ, je peux adhérer tranquillement, dans la confiance : faire que la Parole me donne le sens des souffrances que je subis, des peines, des échecs ou des erreurs. Ainsi, rien n’est inutile puisque tout contribue à l’instruction ! Et l’instruction conduit à la vie.

Seigneur, fais de moi une personne avide d’apprendre, avec la grâce de ta Parole, le bien de tout chose que tu permets dans ma vie, bonne ou mauvaise à priori, puisque tu sais si bien tirer le bien du mal. Sois proche de moi, toi qui me justifie, prends ma défense, et que personne ne me condamne !

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane