« Le jour de la mort d’Étienne, éclata une violente persécution contre l’Église de Jérusalem. Tous se dispersèrent dans les campagnes de Judée et de Samarie, à l’exception des Apôtres. Des hommes religieux ensevelirent Étienne et firent sur lui une grande lamentation.
Quant à Saul, il cherchait à détruire l’Église »

Actes des Apôtres 8,1-8.

« Le sang des martyres est une semence de chrétiens » disait Tertullien (160 – 220), prophète de cette longue lignée d’hommes de femmes et d’enfants (plus de 40 millions) qui ont scellé dans leur sang leur foi en Jésus-Christ depuis 20 siècles. Sur ce chiffre, 26 millions ont été tués au cours du 20^ème siècle seulement. La veille de la canonisation du bienheureux pape Paul VI et de Mgr Oscar Romero, martyr, un nouveau martyr du 20^ème siècle, le père de famille malgache Lucien Botovasoa, était béatifié par décision du pape François, ce qui faisait passer le nombre de martyrs du 20^ème déjà béatifiés à plus de 2000 !

Le livre des Actes des Apôtres écrit l’histoire sacrée des disciples du Christ qui, dès le début, ont imité leur Seigneur en témoignant courageusement de leur foi au risque de subir toutes sortes de tortures et d’exécutions. Et dès le début, ces martyrs ont semé la foi. Les chapitres 8 et 9 du livre des Actes des Apôtres en sont le premier témoignage. La persécution qui commence avec le meurtre d’Etienne, dont nous avons médité le récit hier, oblige un certain nombre de chrétiens à quitter Jérusalem… et ainsi commence la mission à l’extérieur de la ville sainte !

Non seulement les gens hors Jérusalem et hors Judée reçoivent l’Evangile, l’annonce de la Bonne Nouvelle de la Résurrection du Christ, mais certains parmi les bourreaux se convertissent. C’était, au premier siècle, le cas de Saul, celui qui deviendra l’Apôtre Paul. C’est le cas au 20^ème siècle. Salvatore Gregoli, 49 ans, le tueur qui avait assassiné le Bienheureux Père Pino Puglisi, le 15 septembre 1993, sur ordre de la Mafia, a déclaré ensuite : « Je pourrais avoir tué un saint. Et j’en répondrai devant Dieu« . Il dit que maintenant il croit en Dieu. Il a avoué avoir tué 50 personnes et avoir participé à plusieurs attentats.

Ne soyons pas étonnés que l’Eglise soit encore persécutée aujourd’hui. Mais prions pour ceux qui la persécutent, car, comme disait Jésus et Etienne, « ils ne savent pas ce qu’ils font ». aujourd’hui, les chrétiens et les autres religions reçoivent du Gouvernement la décision de ne pas recommencer les rassemblements publics de prière avant le 2 juin. Nous pourrions nous révolter. Est-ce de la persécution ? Est-ce de la prudence, considérant que « les rassemblements publics de prière ne sont pas aussi urgents que la reprise du travail et de l’école pour être sûrs de sortir de la crise pandémique » ? Au lieu de nous révolter, prions pour nous et pour tous. Même si certains pensent qu’ils ne savent pas ce qu’ils font, la prière ne peut pas être éliminée, ni la foi. Mais l’offrande de notre souffrance, en communion avec les 150 millions de chrétiens qui sont, eux, vraiment persécutés, plaît à Dieu plus que la colère ou le jugement.

Seigneur Jésus, tu as donné ta vie pour le salut de l’humanité, pour que nos péchés soient pardonnés et que nous puissions recevoir la vie éternelle. Depuis 2000 ans des millions de croyants sont montés avec toi sur la croix et leur exemple magnifique ne cesse d’augmenter le nombre des croyants. Aujourd’hui, pour eux tous je te remercie et je t’offre ma vie tout entière, fais-en ce que tu voudras, pour que le monde croie que ton Père qui t’a envoyé n’a qu’un seul désir, nous accueillir tous dans sa maison céleste.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane