« Pierre dit alors : S’ils ont reçu de Dieu 

Dieu le même don que nous, en croyant

au Seigneur Jésus Christ, qui étais-je,

moi, pour empêcher l’action de Dieu ?’ »

Actes 11,1-18.

Les chapitres 10 et 11 des Actes des Apôtres constituent un tournant décisif dans la vie de l’Eglise voulue par Jésus. Pour la première fois, Pierre se voit contraint par l’Esprit Saint lui-même de baptiser un païen. Il n’aurait jamais imaginé cela. Il n’avait pas compris que Jésus lui demanderait cela. Et Jésus savait aussi qu’il faudrait du temps pour que les apôtres parviennent à comprendre toute la force universelle de l’Evangile !

Il leur avait dit : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les supporter maintenant. L’Esprit Saint que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, vous conduira à la vérité tout entière » (cf. Jean 16,12-13). Il savait bien que l’Evangile ne pourrait être compris d’un seul coup. Et vingt siècles plus tard, 2000 ans plus tard, saint Jean XXIII disait, à propos du Concile Vatican II : « Ca n’est pas l’Evangile qui change, c’est nous qui commençons à mieux le comprendre… »

Frères et sœurs bien aimés. Ayons l’humilité de reconnaître que nous n’avons pas tout compris de l’Evangile de Jésus. D’autres que nous, aujourd’hui comme hier, des païens, des gens d’autres religions, parfois, sont plus proches de l’Evangile que nous ne le sommes… Si l’Esprit Saint leur est donné autant qu’à nous, qui sommes-nous pour empêcher l’action de Dieu ?

Et quand le pape François nous dit : « le cœur de l’Evangile, c’est la miséricorde… » Quand il dit aux prêtres qu’il vient d’ordonner à Rome, « Ne vous lassez jamais d’être miséricordieux… », Puissions-nous regarder chacun dans notre cœur, et demander au Seigneur d’en retirer tout ce qui ne vient pas de la miséricorde.

Nous avons appris hier que le pape nous invitait à prier et à jeûner jeudi 14 mai prochain pour « implorer Dieu d’aider l’humanité à surmonter la pandémie de coronavirus. » j’aime la formulation : aider l’humanité à surmonter la pandémie. Le pape laisse à Dieu l’initiative de la manière dont il voudra nous aider. Mais surtout, il rejoint un proposition faite par le Comité Supérieur pour la Fraternité Humaine. Ce comité a été créé à la suite de la rencontre du pape et du grand Imam de l’université al-Azhar du Caire, le Cheikh Ahmed el-Tayeb.

L’Esprit en effet ne cesse de conduire l’Eglise vers de nouveaux approfondissements de l’Evangile. Aujourd’hui, le « dialogue inter religieux » est un des fruits du Concile Vatican II. C’est un bouleversement dans l’histoire de l’Eglise, même si des personnes comme St François d’Assise et beaucoup d’autres saints avaient saisi cette dimension profonde de l’Evangile de Jésus. Et nous, nous les catholiques, à écouter, à comprendre, et à vivre ce que l’Esprit dit à l’Eglise aujourd’hui : plus de mission sans dialogue, plus de mission sans respect de l’autre, de sa culture, de sa religion, de sa spiritualité.

Jésus, tu nous as dit : ‘Soyez miséricordieux, comme mon Père est miséricordieux’ (Luc 6,36), apprends à ton Eglise, à tes prêtres, à tes évêques, à tes catéchistes, ce que c’est que la miséricorde. Car c’est la miséricorde que tu veux, et non les sacrifices… (cf. Matthieu 9,13). Donne-nous aussi d’entrer pleinement dans la reconnaissance du dialogue nécessaire comme seule manière évangélique d’annoncer la mort et la Résurrection de Jésus !

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane