« Barnabé et Saul furent ensemble les 

hôtes de l’Église et c’est à Antioche que,

 pour la première fois, les disciples

reçurent le nom de ‘chrétiens’ »

Actes des Apôtres 11,19-26.

La communauté des chrétiens, après la Pentecôte, a connu assez vite une vraie croissance et elle s’est répandue – en partie à cause des persécutions – jusqu’en pays grec (les Juifs disaient : « en pays païen »), parmi les « nations » (les Juifs disaient : « les Goyim »). Leur première implantation s’établit dans la ville d’Antioche, en Syrie, sur la côte au nord du Liban d’aujourd’hui.

L’Eglise va grandir à partir des villes grecques, grands carrefours de commerce, mais aussi de peuples, de cultures, d’idées et de religions. Dans ces villes, les Juifs sont minoritaires, et la Voie du Christ prend racine parmi une majorité de non-Juifs, qu’on appelle des « Gentils » ou des « païens ». De ce fait, les disciples du Christ doivent être nommés d’une façon qui les distingue des autres. Je pense que ce sont les gens d’Antioche qui les ont nommés ainsi : « puisqu’ils se présentent comme des amis du Christ, nous appellerons ‘chrétiens’ ! »

Quel beau nom ! Par le baptême, nous recevons l’onction (chrisma) et nous devenons des « oins » (christoi). Saint Augustin n’hésite pas à dire que le baptême fait de nous des christs ! C’est pour nous une dignité époustouflante, mais aussi une responsabilité extrême, qui nous dépasse totalement, à moins que nous ne soyons aidés, puissamment, par le Christ lui-même. La responsabilité qui nous revient consiste à laisser le Christ la porter en nous !

« Reconnais, ô chrétien, ta dignité !» s’exclamait le pape saint Léon le Grand ! Et il continue : « et, une fois entré en participation de la nature divine, veille à ne pas retomber par une conduite indigne dans ton ancienne bassesse. Souviens-toi de quelle Tête et de quel Corps tu es membre. »

Décidément, Christ est partout ! Il est dans sa Parole, il est dans le Pain Eucharistique, il est dans l’Eglise et dans le chrétien, il est dans les sacrements et il est dans le pauvre (« ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » cf. Matthieu 25,40) ! Nous ne pouvons pas le couper, ni le rendre indigne, ni l’ignorer. Il unifie tout, il veut unifier toute notre vie, notre prière, notre foi, notre espérance et notre charité !

Seigneur Jésus, comment te rendre grâce pour tout ce que tu as fait pour nous et pour moi en particulier ? Tu m’as fait grandir dans ton immense famille, tu m’as revêtu d’une dignité indicible, et tu me demandes de dire à tous la joie de vivre en ta présence, ou mieux, de témoigner que tu es aux commandes de ma vie et de tout mon être. Béni sois-tu !

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane