en le jugeant ils ont accompli les promesses

« Fils de la race d’Abraham, et vous qui

adorez notre Dieu, frères, c’est à nous

tous que ce message de salut a été envoyé

 ils ont réclamé à Pilate son exécution »

Actes 13,26-33

La première mission de Paul suit les traces de la mission de Jésus. Le Christ avait commencé, selon Marc et Luc, dans la synagogue juive, au cœur de l’assemblée de prière et d’écoute de la Parole. Elle continuera, comme celle de Jésus, selon un même destin : celui de rejet et de la mort de la part de ceux-là que Dieu avait préparé, au long des siècles, pour l’accueillir.

Paul, dans la synagogue d’Antioche de Pisidie, annonce la mort et la Résurrection de Jésus dans la synagogue, aux Juifs et aux « craignant Dieu », ceux qui adorent le Dieu des Juifs. Depuis sa rencontre avec Jésus en effet, il sait que le message de l’Evangile est pour tous, sans aucune distinction. C’est là l’une des grandes originalités du message de Jésus. Sans jamais cesser d’être juif, il embrasse désormais toute l’humanité.

Tout cela est arrivé grâce à un paradoxe qui ne peut être que divin : « En effet, les habitants de Jérusalem et leurs chefs ont méconnu Jésus, ainsi que les paroles des prophètes qu’on lit chaque sabbat ; or, en le jugeant, ils les ont accomplies ». Ainsi, la volonté de Dieu s’est accomplie grâce à ceux-là mêmes qui, la connaissant, ont voulu la mettre à mort ! Qui pourra donc arrêter le désir de Dieu : sauver l’humanité tout entière, n’en perdra aucun !

Les Juifs savaient qu’il n’y a qu’un seul Dieu, un Dieu d’amour dont la tendresse n’avait pas de frontières. Pourtant, ils considéraient avoir reçu la Loi non pas pour la transmettre à tous, mais pour la vivre, eux, de manière à sauver le monde entier, mais sans se mélanger aux « nations », (appelés aussi les Gentils ou les Païens). En fait, la Loi, pensent-ils, les distingue et les sépare du reste des hommes. Les Juifs n’ont jamais songé à devenir missionnaires auprès du reste de l’humanité.

Pour nous, disciples du Christ, vivre pleinement l’Evangile veut dire refuser toute exclusivité. Nous ne pouvons rejeter personne, ni les Juifs qui n’accueillent pas Jésus comme le messie, ni les autres qui ne sont ni Juifs ni chrétiens. Au contraire, il nous est demandé d’aimer tout le monde, sans distinction, et de proclamer la bonne nouvelle à tous. Christ, mort pour les péchés de tous, pour les introduire auprès de son Père.

Jésus, redonne-nous l’audace dont tu avais revêtu l’apôtre Paul. Garde-nous de toute tentation de repli et de jugement, de toute peur de témoigner de toi devant tous. Au contraire, donne-nous d’évangéliser, de dire à tous les bonne nouvelle du salut que tu offres et de l’amour du Père avec l’amour même qui est dans ton cœur, avec le même enthousiasme brûlant dans le cœur de Paul et de tous les saints.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane