« Le sabbat qui suivait la première prédication de Paul à Antioche de Pisidie, presque toute la ville se rassembla pour entendre la parole du Seigneur.
Quand les Juifs virent tant de monde, ils furent remplis de fureur ; ils repoussaient les affirmations de Paul avec des injures.
»

Actes des Apôtres 13,44-45.

Jésus n’avait pas convaincu tout le monde en annonçant la venue du Royaume de Dieu. La première prédication publique de Jésus, selon Saint Luc (Luc 4,16-30) et saint Marc (Marc 1,21-28) avait déjà divisé ses auditeurs. Dès le début de leur mission, Pierre et les apôtres n’avaient pas convaincu tout le monde (cf. Actes 3 et 4). Paul et ses compagnons ne réussiront nulle part à rassembler tout le monde autour de leur message. Il y a là une constante de la mission chrétienne, et, j’ose le dire, de toute mission religieuse : elle fait face à la liberté des personnes, à ce qu’il y a de meilleur en elles et parfois de pire. Les uns adhèrent, les autres refusent.

Les refus opposés à la mission peuvent avoir des raisons différentes. Dans la scène que nous méditons aujourd’hui, les Juifs de la synagogue d’Antioche de Pisidie sont remplis de fureur devant le succès de la prédication de Paul auprès des Grecs. Considèrent-ils qu’eux seuls devraient bénéficier du message de Paul ? auraient-ils peur que la foi en Jésus ne leur fasse perdre leur statut particulier, ne les prive du privilège qui est le leur dans l’empire ? Il est souvent difficile de demeurer ouvert aux autres et tolérant lorsqu’on se croit en possession de la vérité ou en danger dans son existence.

Les refus opposés à la mission peuvent aussi trouver leur origine dans la façon dont cette mission est menée. Toute mission qui manifesterait du mépris pour les autres, qui se présente avec arrogance et sans ouverture d’esprit est aussi vouée à l’échec. Le refus que l’autre nous oppose n’est pas toujours signe de son ignorance mais peut être induit par la mauvaise manière dont il a été approché. Nous devons bien faire attention. Toute mission n’a pas été conduite selon la manière de Jésus.

Seigneur Jésus, tu avais bien déclaré que le serviteur n’est pas plus grand que son maître. Ils t’ont rejeté, ils rejettent aussi tes disciples. Mais donne nous un véritable discernement, pour que, confiant dans les épreuves qui nous attendent dans l’accomplissement de l’évangélisation, ce ne soit jamais à cause de nos propres fautes et de nos infidélité que ton message d’amour, d’accueil et de pardon soit rejeté.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane