Dieu protège ses serviteurs

PREMIERE LECTURE DU MARDI DE LA CINQUIEME SEMAINE DE PÂQUES 

 

« Paul fut lapidé, puis on le traîna hors

de la ville en pensant qu’il était mort.
Mais, quand les disciples se groupèrent

autour de lui, il se releva »

Actes des Apôtres 14,19-28.

Hier les gens de Lystres voulaient leur sacrifier des animaux car ils pensaient que Paul et Barnabé étaient des dieux. Aujourd’hui, retournés par des gens venus d’ailleurs, ils les lapident et laissent Paul pour mort. C’est miracle que Paul en soit sorti vivant. Ainsi vont les foules. Ainsi va la mission.

Ainsi vont les foules. Elles réfléchissent peu, prennent peu de distance avec ce qu’elles entendent en dernier, elles laissent les émotions conduire leur vie au lieu de passer par la case de réflexion, de méditation, cette « prise de distance » qui remet les choses à leur place, au-dessous, bien au-dessous de l’écume qui flotte à la surface de l’océan.

Je pense à cela en ces jours où, face à la peur suscitée devant une pandémie beaucoup moins mortifère que beaucoup d’autres et moins mortifère que la grippe et d’autres réalités conduisant à la mort (le tabac, l’alcool, sans parler de l’avortement) les réactions sont étonnantes. Certains risquent de passer d’une émotion à une autre sans avoir pris le temps de réfléchir. Mais de même que les disciples se groupèrent autour de Paul et il se releva, de même notre communauté sociale et notre Eglise, ses prêtres et son pasteur.

Ainsi va la mission. Elle projette inévitablement sur le devant de la scène et le message du Christ est si fort qu’il ne laisse personne vraiment indifférent. Il peut susciter la joie, l’accueil, le soulagement, la paix, mais il peut également générer l’incompréhension, le rejet, l’insulte et parfois la persécution.

La mission comporte une autre dimension, remarquablement prise en main par Paul : l’éducation à intégrer la souffrance dans l’offrande de soi à Dieu et pour le monde. Sur le chemin du retour, Paul et Barnabé visitaient de nouveau les villes où ils avait fondé des communautés de disciples et ils exhortaient les croyants à « persévérer dans la foi en disant : ‘il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu’ » (Actes 14,22).

La société de consommation se rebelle contre la souffrance ! Évacuée la foi dans la vie après la mort et dans la résurrection, l’idée de mort révolte et apparaît comme une injustice. Il en va de même de la souffrance et de la maladie. C’est vrai que la souffrance et le mal sont un mystère de ténèbres. On y voyait autrefois le résultat d’une œuvre maléfique ou d’une punition du péché. On se révolte désormais, et de nouveau, souvent, on est tenté de chercher un coupable. Entre les deux se trouve la révélation de Jésus : la souffrance et la mort sont, mystérieusement mais non sans lumière, un chemin de purification et de vie.

Que tu es bon, Seigneur Jésus, d’avoir, toi le premier, pris le chemin de la mission, d’avoir accueilli des foules enthousiastes et d’avoir subi la vindicte populaire. Béni sois-tu d’associer tes amis à cette mission, et de leur donner de continuer, dans ce monde, une œuvre de salut qui ne peut pas se passer de la croix ! Fais qu’elle ne soit pas trop lourde sur nos épaules.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane