L’Esprit saint et nous-mêmes

« L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé

de ne pas faire peser sur vous d’autres

obligations que celles-ci, qui s’imposent :

vous abstenir des viandes offertes en sacrifice »

Actes des Apôtres 15, 22-31.

Nous voici donc au terme du premier « Concile de Jérusalem », chargé de résoudre la question de savoir à quoi sont tenus les païens qui veulent devenir chrétiens. Les apôtres et ceux qui les entourent ont été impressionnés par le récit de Paul sur les merveilles accomplies par Dieu dans le cœur des gens ! Ils ont le bon goût de juger l’arbre à ses fruits, et non pas selon des préjugés d’esprits étriqués, arque boutés sur ce qu’ils ont appris quand ils étaient petits.

La formule est belle : « l’Esprit Saint et nous-mêmes ! » Les participants à l’Assemblée de Jérusalem ont conscience d’avoir été conduits par l’Esprit et, en même temps, d’avoir joué leur rôle de discernement, sous son inspiration. Cette formule est celle que l’Eglise utilise aujourd’hui encore dans les documents du Concile Vatican II. Elle manifeste heureusement la complémentarité de l’œuvre de Dieu avec celle de l’homme. Nous ne pourrions rien faire sans lui, et pourtant, nous avons notre part de responsabilité à tenir.

Les prescriptions sont minimales. Lorsqu’on sait que le Juifs étaient soumis à 613 lois, l’énumération de la lettre des apôtres n’aurait pu être plus sobre. Seule l’idolâtrie et l’immoralité sont refusées. Autant dire que les apôtres ont suivi les recommandations des missionnaires. La prédiction de Jésus se vérifie : « J’ai beaucoup de choses à vous dire encore, mais vous ne pouvez pas les comprendre maintenant.  Quand il viendra, lui, l’Esprit de Vérité, il vous conduira sur le chemin de toute vérité » (Jean 16,12-13).

Ils semble que ces prescriptions sont davantage légales que morales. Elles affectent les Juifs – et les Juifs devenus chrétiens se revendiquaient toujours juifs – et elles semblent données aux païens devenus chrétiens dans leurs rapports de table avec leurs frères juifs : « si tu viens manger avec moi, respecte les codes qui sont les miens, semble dire le juif à son frère. ». Avec le temps, ces prescriptions tomberont parce que le nombre de juifs dans les communautés chrétienne sera devenu insignifiant.

Ainsi va l’Eglise, alors que les siècles s’écoulent, elle ne cesse de méditer les paroles de Jésus tout en se laissant conduire par l’Esprit qui ne cesse jamais de faire toutes choses nouvelles. Chacun de nous a besoin de l’Eglise pour discerner ce qui, en lui, vient de l’Esprit Saint ou pas. C’est ce que les Pères de l’Eglise appellent le « sentire cum Ecclesia », ressentir et comprendre les choses avec l’Eglise.

Seigneur Jésus, l’Esprit que tu as donné à ton Eglise est là pour nous aider à trouver la volonté du Père dans les circonstances toujours mouvantes. Et merci de nous avoir donné ton Eglise car sans elle, nous aurions bien du mal à connaitre ce que tu veux et à discerner les appels de l’Esprit.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane