Tous, d’un même coeur, étaient en prière

« Arrivés dans la ville, ils montèrent à

l’étage de la maison ; D’un seul cœur,

ils participaient fidèlement à la prière,

avec quelques femmes dont Marie,

mère de Jésus, et avec ses frères.  »

Actes 1,12-14.

 

Nous sommes entre l’Ascension de Jésus et la Pentecôte. Dix jours pendant lesquels les apôtres de Jésus sont en « retraite », en prière, avec Marie et la famille de Jésus. La retraite est le meilleur moyen de se préparer à recevoir l’Esprit Saint comme il convient. Jésus leur avait dit de ne pas s’éloigner de Jérusalem mais d’attendre ce qu’il avait promis (Cf. Actes 1,4).

La retraite est un temps de silence, de recueillement, d’éloignement des tracas habituels de la vie. Le silence en effet est essentiel si l’on veut se mettre à l’écoute. On ne peut pas à la fois parler et écouter. On ne peut pas écouter quand le bruit assourdit les oreilles. On ne peut écouter, prêter l’oreille, prêter attention qu’en faisant silence. L’Eglise propose toujours que les dix jours qui séparent l’Ascension de la Pentecôte soient des jours d’attente recueillie, de silence et de prière.

Les Apôtres étaient enfermés dans la « chambre haute », le cénacle. J’ai en mémoire le recueillement de saint Paul VI, au cénacle, le dimanche 5 janvier 1964. C’est la première fois qu’un pape revient à Jérusalem depuis saint Pierre ! Nous sommes enfermés, nous aussi, dans la pandémie du COvid_19, mais l’obligation est pour nous une opportunité formidable de vivre dans l’intimité les jours qui précèdent l’effusion de l’Esprit. Il nous invite à tout faire pour tirer les leçons de ce long confinement : ne plus jamais retourner à la vie d’avant cette pandémie.

Nous le ferons en communiant aux souffrances du Christ, comme nous y invite la lecture de la lettre de Saint Pierre proclamée aujourd’hui : « Bien aimés : dans la mesure où vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous… » (1 Pierre 4,13). Pour moi, en ces temps, communier aux souffrances du Christ veut dire trois choses : offrir mes souffrances comme Jésus a offert les sienne pour nous sauver du péché ; communier aux souffrances des hommes et des femmes qui souffrent et qui, pour moi, sont le visage du Christ (« j’étais malades et vous m’avez visité » Matthieu 25,35-36) ; et enfin, communier aux souffrances du Christ manifestées dans les souffrances de la terre, de la forêt, de la faune et des fleuves par l’activité insensée de l’humanité… Alors, je peux me réjouir, nous pouvons nous réjouir, « l’Espri de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur nous ! » (cf. A Pierre 4,14).

C’est essentiel parce que l’Esprit qui est donné est un Esprit qu’il faut « écouter » Jésus avait prévenu ses disciples : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous n’avez pas la force de les entendre maintenant. Quand viendra l’Esprit de vérité, il vous conduira à la vérité tout entière » (Jean 16,12-13). L’Esprit nous est donné pour nous guider, pour nous conduire, pour nous mettre sur le chemin. Il faut l’écouter. L’Esprit est un guide, et nous ne pouvons pas nous-même marcher vers Dieu sans être guidés. Le pape François, le jour de la canonisation de Saint Jean XXIII, nous a dit qu’il était un « guide guidé » ce qui voulait dire un guide qui s’est laissé conduire lui-même par l’Esprit Saint.

Seigneur, tandis que ton Eglise se prépare à célébrer la grande fête de la Pentecôte, la fête de l’Esprit Saint, donne-moi un cœur qui écoute, et apprends-moi à écouter ce que l’Esprit me dit, par l’Ecriture, par ma conscience et par l’enseignement de l’Eglise.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane